Colocation en Algérie : tous pour un toit, un toit pour tous

Redaction

Updated on:

La crise du logement en Algérie profite au moins à un phénomène de société : la colocation. Cette nouvelle formule d’habitation séduit de plus en plus les Algériens célibataires, qui préfèrent se regrouper pour optimiser leurs recherches de location.

Étudiants, travailleurs, célibataires et parfois même couples… ils n’hésitent pas à se tourner vers la colocation un moyen plus facile pour se loger, surtout par les temps qui courent. Se loger est devenu un luxe dans tout le pays. Lorsque l’on quitte le foyer familial, il est compliqué de trouver des prix accessibles des endroits décents. Chaque année ce sont des milliers d’Algériens qui cherchent à se loger, mais il semblerait que ce soit devenue une mission impossible : pénurie de logements, loyers exorbitants, et arnaques au logement, il devient indispensable de trouver des  alternatives. La colocation a été cette alternative pour Nadir, Amine, et Soraya qui ont opté pour ce mode de vie. Par choix ou par défaut, la colocation a été le meilleur moyen pour eux de se loger. Ce vivre-ensemble commence peu à peu à se répandre notamment à Alger où la difficulté de se loger a atteint son paroxysme ces dernières années.

Vivre entouré à moindre frais

Les annonces pour la colocation commencent à inonder le web, de tous âges, et de toutes les villes, les candidats à la colocation se bousculent. On remarque toutefois que ce mode de vie est davantage pratiqué la gent masculine. C’est le cas d’Amine installé à Alger depuis plusieurs années. Cet homme de 40 ans, a vécu avec différentes personnes depuis son arrivée dans la Capitale. Aujourd’hui encore, il vit en colocation avec deux autres hommes à Alger Centre.  Il explique son choix par le fait que «la colocation nous permet à moindre coût de trouver un logement », et d’ajouter « ça a été une très bonne expérience, ça permet de tisser des liens, de partager un mode de vie.»

Pour Soraya, une Algéroise de 25 ans, la colocation s’est imposée à elle petit à petit. « Je voulais vivre seule au départ puis finalement pour différentes raisons, j’ai opté pour la colocation par choix économique et social. J’arrivais tout juste à Alger, sans famille et connaissances j’ai préféré privilégier la vie en communauté pour connaître de nouvelles personnes. »

« Ça m’a également permis de vivre dans un grand appartement à moindre coût. Je cherchais un studio ou un F2 à Alger-Centre mais c’était très difficile les prix étaient excessifs, entre 35 000 et 50 000 dinars pour des vieux appartements mal entretenus. Alors qu’avec la colocation, j’ai pu me loger à un prix raisonnable», raconte Soraya qui a un salaire convenable mais s’est confrontée à des prix exorbitants.

Quand la colocation devient parfois le parcours du combattant

La colocation n’a pas que ses avantages. L’économie qu’elle représente pas ne suffit pas et les expériences peuvent parfois être mauvaises. Mésentente, disputes au quotidien, c’est un risque à prendre lorsqu’on opte pour ce mode de vie. Encore plus en Algérie où la colocation n’est pas totalement entrée dans les coutumes algériennes.

«Il a été particulièrement difficile de trouver des colocataires, il faut trouver des colocataires qui soient en phase avec son mode de vie,  et surtout compatibles avec le rythme que l’on peut avoir», raconte Amine. Soraya, et Nadir font le même constat qu’Amine, la recherche de colocataires reste encore difficile. « J’ai remarqué qu’ici, contrairement à ce que j’ai pu voir dans d’autres pays, il y a moins de facilités pour monter des colocations. Il n’y a pas de sites spécialisés, ce n’est pas encore très répandu », explique Nadir, un franco-algérien qui a choisi de migrer en Algérie.

De plus, les propriétaires ne souhaitent pas toujours louer à des personnes locataires. «Lorsque j’expliquais lors de la visite que nous étions deux jeunes filles à vivre ensemble, c’était mal vu. On me refusait clairement de me louer le logement ou on m’expliquait que si on louait il fallait être discrètes, comme si on allait en faire un bordel ! », s’indigne Soraya.

La colocation a donc ses limites, si elle peut se pratiquer à la location, elle  ne peut être envisagée à la vente. Si dans d’autres pays, c’est devenu une normalité, pour les travailleurs, les étudiants et même des familles entières, l’Algérie n’a pas encore intégré totalement ce modèle de cohabitation, qui pourrait être le meilleur moyen pour les Algériens de quitter le domicile familial et de devenir enfin indépendants.