Même le cinéma n’échappe pas à l’ennui en Algérie

Redaction

Le cinéma, l’art populaire par excellence, est  un baromètre de l’état de santé de la culture et du divertissement dans un pays. Or, parmi toutes les activités de loisir, le septième art est peut-être celui qui souffre le plus de l’ennui des Algériens. C’est le triste constat que dresse, pour nous, Salmi Aggar, cinéaste installé à Alger et président de l’association des réalisateurs algériens indépendants « A nous les écrans ».

Un paradoxe algérien de plus. Alors que les Algériens sont friands des nouveaux films à l’affiche à l’étranger, le nombre de salles de cinéma s’est réduit comme peau de chagrin ces dernières années dans le pays. Seules 17 cinémathèques sont fonctionnelles sur tout le territoire national ! La faute aux DVD piratés ? Pas seulement  car les salles de projection ont «perdu leur vocation réelle», estime Salim Aggar, metteur en scène également. Dans la pénombre et à l’abri des regards indiscrets, c’est souvent là que les amoureux clandestins trouvent refuge, raconte-t-il.

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Le cinéma algérien traverse une « situation critique » et risque de « disparaître » faute de moyens matériels et financiers. C’est le cri d’alerte inquiétant qu’un groupe de comédiens à lancé jeudi 2 mai, à l’issu du « Panorama du cinéma révolutionnaire », qui avait pris ses quartiers à la maison de la culture Ali Zamoum de Bouria. Beaucoup moins pessimiste, Salim Aggar, qui s’apprête à tourner La caméra et le fusil, un documentaire sur la représentation de la Guerre d’Algérie dans les films français et algériens, estime que l’industrie locale est l’une des plus fleurissantes du monde arabe, notamment grâce au soutien de l’Etat.

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Mais le cinéma algérien est en « panne » d’inspiration, reconnait Salim Aggar. En cause, un mélange des genres un peu hasardeux : en Algérie, les réalisateurs multiplient les casquettes et produisent leurs propres films. Salim Aggar pointe aussi du doigt un gaspillage des subventions allouées par l’Etat et appelle à la mise en place d’une « cellule de contrôle de qualité » des œuvres a posteriori afin d’éviter les accidents cinématographiques.

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