Un Etat islamique n’est pas forcément une dictature. Les adeptes de cette réflexion ne sont pas rares. Beaucoup d’entre eux ne sont pas des islamistes purs et durs, mais ils croient à la nécessité d’intégrer à la pratique politique les valeurs de l’Islam et ses prescriptions.
De son côté, Abdelatif Sifaoui, énarque, ancien juge à la Cour des Comptes et membre du centre d’Etudes Al-Assala, croit pertinemment que «l’État dit islamique est semblable à la démocratie». Cet intellectuel proche du courant islamiste en Algérie estime, par ailleurs, la notion de l’Etat Islamique reste à définir. Pour notre interlocuteur, le plus important pour la communauté musulmane est que l’Etat corresponde aux valeurs de l’Islam. «Et l’Islam favorise la démocratie», a-t-il estimé puisqu’en aucun cas, le Coran interdit au peuple de choisir son gouverneur.
«L’Islam est en lui-même une démocratie»
«L’Islam est en lui-même une démocratie puisqu’il demande à la Oumma la concertation dans la gestion des affaires publiques. Les libertés fondamentales sont préservées et le respect des minorités est garanti». Dans ce sens, un Etat Islamique qui s’inspire réellement de l’Islam ne peut en aucun cas devenir un système totalitaire. «On n’a nullement le droit d’imposer une opinion au nom de l’Islam. L’usage de la violence et de la force n’est pas du tout justifié si on se réfère à l’Islam. La reconnaissance de l’opinion divergente et de la liberté d’expression, et le droit de s’opposer pacifiquement au pouvoir en place vont de pair avec l’Islam», relève notre interlocuteur pour lequel un «Etat dit Islamique» n’est pas du tout une utopie puisque durant «14 siècles où la civilisation musulmane a dominé le monde, l’organisation politique trouvait son inspiration dans le Coran».
Mais qu’en est-il des régimes actuels qui se réclament de l’Islam et qui violent les plus élémentaires des libertés ? Pour Abdelatif Sifaoui, ils ne sont guère des modèles à suivre et rien ne légitime leurs actions. Concernant les expériences tunisiennes et égyptiennes, Abdelatif Sifaoui relève leur caractère novateur. «Ils ont gagné la confiance du peuple par le biais des urnes et ne parlent nullement de la Charia dans leur discours politique. Ils ont un projet de société plus global», assure en dernier lieu notre interlocuteur.