Tamazight, de la rue aux studios de cinéma !

Redaction

Ignoré par beaucoup d’Algériens à cause du black-out médiatique qui l’avait entouré du temps du parti unique, le Printemps berbère de 20 avril 1980 n’en fut pas moins un événement majeur dans l’Histoire de l’Algérie indépendante.

Nonobstant le caractère « culturel » de la revendication de ce mouvement, les événements qui avaient émaillé, en ce printemps 1980 (les événements avaient duré de mars à juin 1980), avait fait naître une nouvelle donne dans le pays ; pour la première fois, en effet, des Algériens se soulevaient contre le pouvoir en place. Ce printemps en avait crée d’autres : en 1985, le soulèvement se déroulait à Constantine, en 1986, c’était à Alger et, deux ans plus tard, toute l’Algérie s’embrase en octobre 1988. Les revendications, morcelées un moment, convergeaient enfin vers l’essentiel d’une ouverture démocratique qui devait droit aux minorités. Le rêve ne s’est pas concrétisé. Mais des avancées ont eu lieu malgré une décennie de sang vécue par le pays durant les 1990.

Les événements du Printemps berbère ont également fait connaître des hommes et des femmes qui animeront, des années plus tard, la scène politique nationale. De Saïd Sadi, des frères Aït-Larbi, Djamel Zenati, ou encore Kamel Amzal, fauché par les islamistes à la fleur de l’âge en 1982, des figures de ces années de lutte font toujours l’actualité.

Cette génération de militants, dont certains ne sont plus de ce monde, a donné une autre. Celle des jeunes de 2001, de l’autre printemps (noir) a fait plus de sacrifices que celles qui l’ont précédée. Plus de 100 jeunes, garçons et filles, y avaient laissé leur vie au nom d’un idéal de justice et de bien-être. D’autres sont traumatisés à vie.

Contrairement aux années 1980, la lutte pour la reconnaissance de l’identité amazighs s’est quelque peu essoufflée ces dernières années. Il y a, pourtant, chaque année des activités commémoratives. Mais en dehors de quelques travaux académiques, les militants de la cause ont presque perdu de leur ardeur. Seuls quelques irréductibles et des militants du mouvement autonomistes sortent encore dans la rue. Pour le reste, la nature de la lutte a changé. De la rue, elle est entrée dans les bureaux, les studios de cinémas et de télévisions. C’est peut-être une manière plus intelligente de lutter !