La marche célébrant le 35e anniversaire du Printemps berbère et commémorant le 14e anniversaire du Printemps noir, organisée ce lundi 20 avril, à Tizi-Ouzou, à l’appel du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a été grandiose.
Une réussite totale non seulement en termes de mobilisation mais aussi et surtout en termes de présence de jeunes, filles et garçons, qui étaient aujourd’hui largement majoritaires. Qu’ils soient étudiant(e)s, chômeurs, employé(e)s ou lycéen(ne)s, ils ont démontré de la plus belle manière que le flambeau de la lutte identitaire se transmet perpétuellement de génération en génération. Mieux encore, les jeunes interrogés étaient quasi-unanimes à plaider pour « la transcendance des clivages partisans pour mieux servir cette cause unificatrice ».
«Je n’ai pas d’appartenance partisane»
« Je n’ai pas d’appartenance partisane, mais je suis venu marcher pour rappeler au monde entier que le peuple amazigh est victime d’un déni identitaire et il se bat toujours pour recouvrer son identité », affirme Madjid, un jeune chômeur de 28 ans, licencié d’anglais, originaire d’Aït Yahia Moussa.
Son ami, Saïd, abonde dans le même sens. «Le Printemps berbère est un héritage commun à tous les amazighs. Il faut que les partis politiques s’unissent en ce jour pour célébrer comme il se doit cette date hautement symbolique », lance ce jeune licencié, 25 ans, militant des droits de l’homme, originaire de Tigzirt.
Thanina, la trentaine, originaire d’Iloula, affirme, elle aussi, qu’elle « participe à la marche du 20 avril chaque année ». « Quand j’étais au lycée, je venais déjà à Tizi Ouzou pour célébrer le Printemps berbère », souligne-t-elle, en regrettant le fait de « n’avoir pas eu le bac ». « Autrement, se désole-t-elle, j’aurais intégré le MAK afin de militer au quotidien pour la promotion de notre culture et la sauvegarde de notre identité ». Sa voisine et amie, Taos, étudiante en langue et culture amazighes enchaîne : « Je suis militante du MAK et je suis également membre du comité estudiantin au niveau de notre département. Je suis très contente que le MAK et le RCD organisent leurs marches conjointement. C’est l’union qui fait la force et les Kabyles doivent s’unir autour de ce qui les rassemble au lieu de se disperser pour cause de divergences partisanes », plaide-t-elle.
«Nous sommes du MAK»
Tahar, lui, est étudiant en sciences économiques. Originaire de Larbâa Ait Irathen, il se félicite à son tour, de cette « union entre frères et amis appartenant aux deux formations politique ». « D’ailleurs, dit-il, je suis venu avec mes quatre amis. Nous trois sommes du MAK. Les deux autres sont du RCD. Nous marchons ensemble et le carré à intégrer importe peu. L’essentiel, c’est de marquer l’événement et contribuer au développement du combat identitaire et l’émancipation de notre culture ».
Rabah, jeune chômeur de Tizi-Gheniff, estime que le 20 avril devrait être célébré conjointement entre tous les partis ancrés en Kabylie sans qu’il y ait de séparation en carré distincts entre les deux formations, tout en précisant qu’il est partisan du MAK. Son compagnon Ali se dit du même avis et appelle de ses vœux les partis politiques à faire front commun en cette date qui en dit long sur les sacrifices et l’engagement de la région pour toutes les libertés démocratiques.
Certaines personnes interrogées n’ont pas omis de regretter la distance prise par le Front des forces socialistes par rapport à cette date phare du combat identitaire et démocratique de la Kabylie. Ils disent « attendre impatiemment le jour où toute la Kabylie, les trois formations politiques confondues, se mobilisent en un seul homme un certain 20 avril ».