Algérie Focus vous emmène en Kabylie, à la découverte de paysages tristement ravagés par les feux de forêt. Sur leur passage, les flammes voraces ont causé d’énormes dégâts. L’homme, les animaux et la nature en ont terriblement pâti ! Sur place, le constat est alarmant : des familles piégées chez elles (deux morts), des routes coupées, des villages évacués, des arbres calcinés, malgré les efforts et la mobilisation des pompiers.
Ce sont là, quelques photos, qui décrivent l’état d’un village après les incendies : pour être plus précis, elles ont été prises à Aït Yahia Moussa dans la wilaya de Tizi-Ouzou, par le photographe Mehdi Hachid.
Il s’agit de la toute première photo prise sur les lieux du drame : une colline ravagée par les feux. Le photoreporter venait tout juste d’entamer son périple au milieu de forêts carbonisées, il n’avait alors rien vu encore …
Route de l’enfer
Sous une chaleur caniculaire, l’aventure continue, et pendant la marche qualifiée par Mehdi Hachid de pénible à cause de la chaleur et des dégâts constatés, des cactus ont été identifiés dont un a rapidement été pris en photo. Pour qu’un figuier de barbarie, ait pu être réduit en cendres, cela prouve que le feu a été d’une grande violence. Preuve en images.
Cette récolte, ou du moins ce qu’il en reste, était le seul moyen de subsistance pour ces nombreux habitants. Une villageoise a montré au photographe, choqué,la violence « inouïe » de l’incendie. Elle tient dans sa main une branche d’oliviers calcinée.
Mehdi Hachid se rendait sur les hauteurs du village avant d’y pénétrer, afin, nous-a-t-il expliqué, « de mieux constater la gravité de la situation ».Voici à quoi peut ressembler le village d’Aït Yahia Moussa en ce moment. Du haut de la commune, visiblement, l’image est percutante. Comme nous l’a dit Mehdi : nous avions (mon ami photographe Amir et moi-même, l’impression de visiter un village fantôme)…
« Je n’avais jamais vu un tel gâchis. C’était effrayant, mais impressionnant en même temps de voir à quoi peut ressembler la nature si elle devait prendre feu. Les gens m’ont fait beaucoup de peine, ils n’ont plus rien, et c’est à croire que tout le monde s’en moque »
Toujours dans la commune d’Aït Yahia Moussa, un arbre penché, qui peut s’effondrer à tout moment sur la maison d’une dame rencontrée sur place. Elle ne possède plus rien, et n’a ni de quoi manger ni même de quoi cuisiner, mais elle reste forte et patiente, selon les photographes. (Pas d’électricité et d’eau )
A Aït Yahia Moussa, le monde de l’art est aussi en deuil. Cette dame avait tout plein de poteries. Le photographe n’a pas pu l’approcher. Elle s’est précipitée vers sa demeure, probablement dans un sursaut de détresse après avoir découvert les dégâts. Elle a du réaliser qu’elle avait perdu des objets précieux, « peut-être était-elle potière, la pauvre » …
Amir, qui accompagnait Mehdi est lui aussi photographe. Il nous raconte son aventure avec beaucoup d’émotion ;
« Je compatissais à chaque fois que je rencontrais les villageois, j’essayais surtout de me mettre à leur place : sérieusement, qu’est ce que j’aurais fait si j’avais assisté à cette tragédie ? J’aurais fait quoi pour sauver ma peau ? »
Devant des maisons endommagées, une carcasse de voiture calcinée était abandonnée. Mehdi nous a précisé qu’il s’agissait d’un véhicule de collection. Son propriétaire était démoralisé, selon sa mère, car « il y tenait particulièrement. »
Le photographe a aussi été surpris par la quantité de bouteilles de bières jetées dans les forêts : « il faut éviter de les jeter partout, cela peut aussi provoquer des incendies, surtout s’il s’agit de bouteilles en verre. Nous ne sommes pas là pour nous mêler de ce que font les gens, mais qu’ils le fassent et jettent les déchets à la poubelle »
« Regardez comment mes chaussures se sont noyées dans la cendre, c’est dire à quel point la fumée devait être épaisse », nous a raconté Mehdi, encore surpris après le voyage.
Une des séquences qui a marqué le photoreporter, celle des villageois, majoritairement des voisins réunis, déplorant la perte de leur récolte, seul gagne-pain de ces nombreuses familles. « Une des femmes voulait presque s’adresser à un olivier, nous confiant que c’était son unique richesse et que ces plantations étaient tout ce que ses fils et elle avaient ». Quant aux enfants, « ils étaient outrés et inconscients en même temps. Sans doute n’avaient-ils pas mesuré les conséquences des incendies. Parce qu’ils sont innocents, ils étaient impuissants face à ce chaos ».Conclut Mehdi.
Courage et solidarité
« Les familles ont refusé de quitter leurs maisons, elles se sont battues toutes seules contre les flammes avec un simple tuyau d’arrosage ou des bassines remplies d’eau qu’elles versaient du haut de ce qu’il restait du toit».
Pour le moment, les causes réelles de ces incendies ne sont toujours pas connues, et la polémique autour de ces feux de forêt prennent de l’ampleur. Mais la vraie question est de savoir si les autorités concernées vont intervenir pour réparer les dégâts et venir en aide toutes celles et ceux qui se trouvent actuellement sans domicile. Les photographes sont rentrés à Alger, et sur le chemin du retour : « pas beaucoup de commentaires si ce n’est les images « grises » que nous avons gardées en tête avec comme seul objectif : solliciter les gens pour soutenir ces villageois ».
Ci-dessous, le lien du site-web du photographe Mehdi Hachid, pour pouvoir visionner plus de photos.
Site web : http://hachid-mehdi.tumblr.com