Le rassemblement en solidarité pour le peuple palestinien a réuni ce vendredi plusieurs milliers de personnes à Alger-Centre. Encadrés par un important dispositif sécuritaire, les manifestants ont réussi à former un cortège et rallier le siège de l’Assemblée nationale populaire.
C’est dans la fournaise algéroise, le thermomètre dépassant facilement les 30 degrés, que plusieurs milliers d’Algériens ont convergé vers la place du 1er mai à Alger, ce vendredi, pour protester contre l’agression israélienne sur la bande de Gaza. Sortant à peine de la mosquée, une marée humaine a investi la place aux alentours de 14h, répondant à l’appel à manifester du Comité populaire pour le soutien avec le peuple palestinien.
Au sein d’une foule éparse et multigénérationelle, des hommes, habillés de leur qamis blanc, certains portant leur tapis de prière sur la tête, des femmes arborant des keffieh sur leur voile ainsi que des adolescents et des tout-petits brandissant des drapeaux palestiniens et algériens.
Si les premiers appels à la solidarité, lancés en Algérie au début de l’opération militaire au sol et dans les airs de l’armée sioniste sur la bande de Gaza, ont été peu entendu, rassemblant une poignée d’activistes, cette fois, les Algériens n’ont pas manqué le rendez-vous. « Ce sont nos frères qu’on humilie, écrase, assassine. Ils n’ont rien, manquent de tout. Ils doivent même boire de l’eau non potable pour survivre », lâche Bilal, 28 ans, accompagné de jeunes cousins. Dans les rangs de ces militants pro-palestiniens, la colère est palpable. Colère à l’égard d’Israël, bien sûr, mais aussi de la communauté internationale, à commencer par les autorités algériennes. Une diplomatie algérienne quasiment aphone malgré la mort d’un enfant algérien de 3 ans à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza samedi 19 juillet.
Une manifestation autorisée mais contrôlée
Fait exceptionnel, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait décidé lundi 21 juillet d’autoriser les manifestations pro-palestiniennes en Algérie, y compris dans la capitale. Mais ce vendredi de protestation, l’ambiance est tendue sur la place du 1er mai. Les esprits s’échauffent et le ton monte entre certains manifestants et des agents de police armés de matraque. A ce moment là, le regroupement se scinde en deux. Une partie, le plus gros des troupes, décide de marcher en direction de la place des martyrs. Mais leur progression est très vite arrêtée par au moins 6 camions de police, stationnés en haut de la rue Hassiba. « Ils ne veulent pas qu’on passe par les grandes rue ; qu’à cela ne tienne on va emprunter les petites routes. Rien ne nous arrêtera », lance un homme d’une cinquantaine d’années, le visage mangé par une barbe blanche. Il regarde l’air désolé les forces de sécurité tentant de disperser la foule et de dissuader les manifestants de former un cortège. « Ce qui se passe à Gaza est une catastrophe. Plus de 800 morts en 2 semaines ! L’Etat algérien est l’allié des juifs. Israël vaut même mieux qu’eux », rumine-t-il, les bras croisés.
Décidée à rejoindre la place des martyrs, la foule presse, pousse et se fraie un chemin. Elle emprunte alors un itinéraire détourné pour contourner le barrage policier, qui finit par laisser les vagues de manifestants, avant de bifurquer sur la rue Hassiba. « Falestin Chouhada ! Falestin Chouhada ! », « Les Algériens ! Les Algériens », « Echaab Yourid Tahrir Falastine »… Les milliers de manifestants redescendent la rue Hassiba au son de chants pro-palestiniens appelant à la libération de la Palestine et de slogans patriotiques enjoignant les badauds, nombreux sur les trottoirs, à marcher avec eux.
« Sissi assassin »
Arrivé au bout de la rue Hassiba, le cortège se divise en deux, chacune des parties prenant un des axes routiers au dessus du tunnel, interdit d’accès par trois frougons de police. D’un pas assuré, le poing brandi au ciel, les manifestants algériens poursuivent leur avancée sur la rue Charras puis le front de mer, direction le siège de l’Assemblée nationale populaire. « Sissi assassin ! Sissi assassin ! » La foule en veut aussi au nouveau président de l’Egypte pour ses décisions jugées laxistes. « C’est un pion d’Israël, il fait le jeu d’Israël », accuse un trentenaire, qui tient avec des amis, un immense drapeau palestinien.
Impuissants
Mais face au « massacre » du peuple palestinien, beaucoup se sentent impuissants. Fatima Saïd, membre du bureau national du MSP, ne voit pas qui peut venir en aide aux habitants de Gaza, qui vivent leur 17e jour sous les bombes de l’armée sioniste. « Nous avons rencontré les responsables du bureau de l’ONU et de l’Unicef à Alger hier. Ils sont d’accord avec nous, ce massacre des enfants et des femmes doit cesser dans la bande de Gaza. Mais concrètement ils ne peuvent faire rien d’autre qu’attendre les conclusions de l’enquête » diligentée par le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU sur « toutes les violations commises » durant cette agression militaire, confie Fatima Saïd.
Découvrez notre diaporama photo de la manifestationpro-palestinienne à Alger :