Revue de Presse. Algérie : la révision de la Constitution peut-elle attendre encore ?

Redaction

Les réapparitions soudaines et furtives du Président Bouteflika recevant le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le chef d’état-major, le général Mohamed Salah Gaïd, et le ministre des AE, Mourad Medelci, dans sa résidence à Zéralda où il est logé depuis son retour de France sont-elles le prélude à un retour imminent aux affaires de l’Etat ?

En effet, depuis quelques jours, le Président Bouteflika multiplie les rencontres avec les hauts dirigeants afin de s’enquérir de la situation générale du pays. Après une coupure de quelques mois, le chef de l’Etat aurait mesuré l’importance du déficit qu’il accuse et s’est finalement décidé à multiplier les rencontres en tête-à-tête avec ses principaux collaborateurs directs. Le Conseil des ministres, qui devait se tenir au début du mois de septembre et au cours duquel le projet de Constitution devait être présenté au chef de l’Etat a été finalement reporté aux calendes grecques.

Le Premier ministre avait même avancé l’inutilité d’une telle rencontre. C’est à des rencontres à minima que le chef de l’Etat s’est astreint ces jours-ci. En réalité l’urgence de la révision de la Constitution nécessite plus que des rencontres furtives. A sept mois de l’élection présidentielle, personne ne sait encore si ce scrutin sera maintenu tel que prévu ou s’il y aura une prolongation de deux ans du mandat de l’actuel locataire du Palais d’El-Mouradia, comme il se murmure avec insistance.

La dernière réunion consacrée à ce sujet a été organisée, au début du mois d’avril à la résidence Djenane el-Mithak sous la présidence du chef de l’Etat avec pour thème principal, la révision de la Constitution. Étaient présents le président de l’APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, le président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz et le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelmalek Guenaïzia.

Boualem Bessaïeh, ancien président du Conseil constitutionnel et chargé présentement de coordonner les travaux de la révision de la Constitution a, lui aussi, assisté à cette réunion. Les discussions ont porté essentiellement sur la révision de la Constitution. Mais une question demeure toutefois posée. Le projet d’amendement à la Constitution sera soumis prochainement à l’APN, selon le Premier ministre, qui a souligné dans la foulée que le président de la République a pris l’engagement de revoir la Loi fondamentale du pays. Le Premier ministre a affirmé qu’une fois révisés, les textes de la Constitution seront débattus par les députés de l’APN.

Il a toutefois souligné que «si les changements touchaient aux équilibres du pouvoir», le projet sera soumis à référendum.

«Le Président était clair sur cette question», a-t-il encore souligné. Si la future Constitution inclura le poste de vice-président, elle laissera telles quelles les prérogatives du Premier ministre avec en sus d’autres prérogatives constitutionnelles, comme celui de désigner lui-même les membres de son équipe gouvernementale.

La nouvelle Constitution sera élaborée autour des dernières avancées démocratiques, économiques et sociales que le pays a connues ces quinze dernières années. Les questions liées à une plus grande ouverture démocratique et syndicale ainsi que celle des médias et particulièrement de l’audiovisuel, de la défense des droits de l’homme seront consacrées par la future Constitution.

C’est le futur président de la République qui aura l’insigne honneur d’appliquer ces principes démocratiques. Pour l’heure, la situation politique n’a pas changé d’un iota. La rentrée sociale, d’habitude prolifique, en événements se caractérise aujourd’hui par un sommeil qualifié de profond. Seul le FLN et, à un degré moindre, le RND continuent d’animer la scène politique.

De ce fait, nombre d’observateurs estiment que l’hypothèse d’une succession en douce verrait Bouteflika rempiler pour quelques temps avant de confier les rênes à un homme de confiance. Ce scénario jadis écarté est devenu au fil des semaines plus ou moins crédible compte tenu de cette léthargie politique et cette longue attente de ce que les décideurs vont… décider. L’évolution positive de son état de santé pourrait les faire décider à lui accorder une prolongation de son séjour au palais. C’est en tout cas, la lecture qui pourrait être faite des audiences qu’il a accordées aux chefs de l’armée, de la diplomatie et du Premier ministre.

 Lu sur Le Jeune Indépendant