Dans un pays de droit, à la moindre révélation de malversation, le parquet se constitue partie civile et des informations judiciaires sont immédiatement ouvertes.
Saïpem, SNC-Lavalin, Sonatrach I, Sonatrach II, Sonatrach III, Chakib Khelil, Mohamed Meziane, Air Algérie, les Libanais… et la liste est loin d’être exhaustive. Il ne se passe pas un jour sans que la presse ne rapporte des rebondissements dans ces dossiers, des révélations sur toutes ces affaires de corruption présumées. En vérité, cela fait des années que des soupçons et des accusations de corruption pèsent particulièrement sur de hauts fonctionnaires de l’Etat, dont des ministres.
Le bruit qui entoure ces scandales révélés par ailleurs par la justice de pays étrangers, n’augure pas nécessairement quelque chose de bon. D’abord, parce que les révélations de même nature ont eu lieu à la fin des années 1990, qui ont servi à l’emprisonnement de cadres innocents. Ensuite, nous avons plusieurs fois assisté à des campagnes similaires qui ont mené à l’inculpation de simples lampistes sans inquiéter les responsables politiques ou les barons du système à l’origine de la prolifération de cette gangrène.
Dans un pays de droit, à la moindre révélation de malversation, le parquet se constitue partie civile et des informations judiciaires sont immédiatement ouvertes. Le traitement réservé à la corruption relève du folklore avec les risques de banalisation aux conséquences incalculables sur la société, la crédibilité des institutions et l’état en général du pays. Il va sans dire que le système à l’origine de tous les échecs, en quête de légitimité, ne peut s’en prendre à un mal qui est l’essence, la raison et le but même de son existence.
Le seul acteur social qui s’est auto-saisi de ces affaires de corruption, demeure la presse ! «C’est son rôle», tranche un journaliste. En effet, il est du devoir de révéler des affaires de corruption, mais encore faut-il qu’elle ait les moyens, l’accès çà et là à l’information et la protection pour faire de l’investigation. «La presse fait rarement des investigations et des enquêtes. Elle balance des infos recueillies auprès des sources généralement bien informées», regrette ce même journaliste.
Selon la formule consacrée dans le milieu ! Comprendre par là la DRS. Parfois, l’institution judiciaire via le parquet, laisse filer des bribes d’information, mais souvent «orientées». Pour un député qui garde l’anonymat: «C’est la volonté politique qui fait défaut.» Aujourd’hui, une chose est sûre: «La réglementation et les conditions de mise en place de commissions d’enquête ou autres initiatives sont draconiennes», fait savoir notre source. Un exemple de taille: les commissions d’enquête. Pourquoi les députés n’ont pas créé de commission d’enquête face à ce terrible drame de la corruption ? «Une demande de commission d’enquête doit être faite par une trentaine de députés. Elle doit être approuvée par l’assemblée en plénière et les signataires de la demande ne doivent pas faire partie de la commission», explique le même député.
Un autre observateur averti de la chose politique tente un autre éclairage. «Les affaires de corruption qui s’étalent chaque jour dans la presse ne sont pas une nouveauté pour le citoyen, il ne les découvre pas. C’est une pratique consubstantielle au système en place», affirme-t-il avant de souligner que la nouveauté est que la révélation de ces affaires «intervienne dans un contexte de décomposition du régime dans toutes ses composantes hiérarchiques».
«Cela confère à ces affaires un rôle d’écran de fumée et de rideau derrière lequel se jouent, avec violence parfois, les rapports de force des différentes factions du régime sont la finalité est la recomposition de ce même régime.» Il est à parier que ces «affaires» vont s’estomper une fois «le consensus arraché», conclut notre interlocuteur.
Lu sur : lexpressiondz.com