La commune de Bordj Badji Mokhtar, wilaya d’Adrar, retrouve son calme, même précaire, après de violents affrontements qui ont fait 10 morts et 45 blessés, mais fait face à une pénurie de produits alimentaires, de carburant et de gaz butane, menaçant de mettre à tout moment le feu aux poudres dans cette localité frontalière avec le Mali.
Le calme est revenu dans la commune de Bordj Badji Mokhtar où aucun incident n’a été enregistré hier et avant-hier après les violents affrontements entre la tribu des Arabes barabiches et celle des Touareg d’Idnane, faisant 10 morts, 45 blessés, 40 voitures et 47 locaux commerciaux incendiés. La Gendarmerie nationale, qui est intervenue pour séparer les deux tribus et empêcher de nouveaux affrontements, avec l’aide de l’Armée nationale populaire (ANP, s’est déployée dans cette localité pour parer à toute éventualité et assurer le retour au calme.
Cependant, les habitants de cette commune sont, depuis quelques jours, confrontés à de graves problèmes de distribution de produits alimentaires provoqués par une grève des transporteurs de marchandises de la wilaya d’Adrar, avons-nous appris de source locale. «Ces transporteurs se chargeaient d’acheminer des produits alimentaires jusqu’à la commune de Bordj Badji Mokhtar, mais ils sont en grève dans la wilaya d’Adrar depuis quelques jours pour protester contre l’interdiction de doter leurs camions d’un double réservoir», explique notre source. Cette interdiction, ajoute-t-on, entre dans le cadre des mesures prises par le gouvernement pour lutter contre le trafic de carburant aux frontières. «Cette grève nous pénalise lourdement puisqu’elle nous prive des produits alimentaires qui commencent à manquer cruellement à Bordj Badji Mokhtar», nous ont informés, hier, des habitants de cette commune.
A 650 KM DE LA VILLE LA PLUS PROCHE ET LE LAIT EN POUDRE À 450 DA !
Selon ces derniers, plusieurs produits alimentaires, «en particulier le lait et le lait pour enfants sont presque introuvables sur le marché à cause de cette grève.» Une situation qui aggrave les conditions socio-économiques déjà dures dans lesquelles se trouvent les habitants de cette commune. La souffrance des habitants ne s’arrête pas là, malheureusement, puisque «la commune de Bordj Badji Mokhtar n’a pas été alimentée en carburant et en gaz butane depuis le début du mois». Une source locale impute cette pénurie à «la situation sécuritaire enregistrée dans cette localité, en d’autres termes, aux affrontements ayant opposé la tribu des Arabes barabiches et la tribu des Touareg d’Idnane». La ville la plus proche de Bordj Badji Mokhtar est Reggane à 650 kilomètres.
La commune de Bordj Badji Mokhtar se trouve, également, à 800 kilomètres du chef-lieu de wilaya d’Adrar. Cet éloignement, qui gêne énormément les habitants de cette commune dans l’approvisionnement en produits alimentaires s’est aggravé avec la grève des transporteurs et la pénurie de carburant. «Le carton de lait en poudre, à 250 DA avant cette crise, est, actuellement, écoulé jusqu’à 450 DA», selon des habitants de cette commune. Ils notent que «de nombreux commerces ont fermé faute de marchandises».