Bouteflika face à son avenir

Redaction

Sera-t-il ou non candidat à sa propre succession en 2014 ? Et si oui, comment compte-t-il s’y prendre pour contourner l’obstacle physique ?

Ces questions, le tout-Alger se les pose. L’ ambassadeur à Paris Missoum Sbih a été rappelé à Alger et remplacé au pied-levé par l’ambassadeur en poste à Bruxelles, Amar Bendjemâa. La nouvelle peut paraître en soi anodine. Pourtant le limogeage du diplomate âgé de 77 ans, installé par l’actuel Président, qui a occupé le poste plus de dix ans, a de quoi faire réfléchir.

Pourquoi lui seul et particulièrement à cet moment précis et non pas dans un cadre global de renouvellement d’ambassadeurs ? Veut-on lancer au président Bouteflika un message politique à travers ce limogeage ? Et qu’en est-il du reste de cette rumeur qui annonce le prochain départ du président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaiz, un proche lui aussi de Bouteflika. La maladie et la longue absence du président Bouteflika sont-elles propices aux grandes manoeuvres politiques et au travail de coulisses.

A dix mois du scrutin présidentiel, le travail de sape initié par certains cercles influents ces deniers temps, et par lequel on tente de discréditer une action ou un projet, s’apparente beaucoup plus à une tentative désespérée de reprendre le contrôle des choses perdues depuis plus d’une décennie.

Pendant que certains enfument la scène médiatique avec de petites phrases assassines qui n’ont d’autre objet que de faire parler pour ne rien dire, d’autres au contraire sont sur le pied de guerre et n’attendent que le signal pour faire avancer leur pion.

Aujourd’hui les citoyens sont en droit de se poser la question sur les lendemains qui chantent pour la démocratie en Algérie, aussi longtemps que les mandats politiques ne connaîtront pas une limitation stricte et irrévocable, à deux mandats au plus, comme dans les plus grandes démocraties planétaires.

Si les dirigeants ne s’attellent pas à la tâche tout de suite, après leur arrivée au pouvoir, en déroulant les projets de société pour lesquels ils auraient été portés au pouvoir; c’est parce qu’ils pensent avoir toute la vie pour le faire, avec des mandats extensibles, après trituration des Constitutions.

Le phénomène de la corruption sera-t-il l’enjeu de la prochaine élection présidentielle ? Le SG du RCD, Mohcine Bellabès, a regretté il y a quelques mois le fait que le phénomène de la corruption soit devenu une «stratégie» pour les gens du pouvoir :

«Six ministres qui sont impliqués dans des affaires de corruption et poursuivis en justice, mais qui sont toujours au gouvernement», rappelle-t-il. Toutes les formations politiques, y compris le FFS, le plus agressif en termes de revendication démocratique, n’ont jusqu’ici abordé la question, ou seulement sur le bout des lèvres.

Les hommes du président Bouteflika, ceux qui ont été les premiers constituer au début de son mandat en 1999, ce qu’on a appelé le premier cercle présidentiel, tombent un à un : Chakib Khelil, Yazid Zerhouni, Temmar, Benachenhou, Belkhadem et récemment Missoum Sbih, des proches de Bouteflika, ont tous explosé en vol.

Pour l’instant, l’effervescence liée au secret de sa maladie est tombée d’un cran après les images diffusées à la télévision il y a quelques jours, le montrant sirotant un café en présence du chef d’Etat-major de l’ANP, Salah Gaïd et du Premier ministre Abdelmalek Sellal, partis lui rendre visite.

Tout le monde pense à 2005 : Bouteflika avait fait sa réapparition tout à coup après une très longue absence. «Là, plus les jours passent, moins on y croit», fait remarquer Benjamin Stora, un spécialiste de la guerre d’Algérie.

Lu sur le Jeune Indépendant  

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