Les forces armées tunisiennes ont enclenché depuis jeudi soir, une vaste opération militaire visant à anéantir les groupes terroristes auteurs de la tuerie de neuf militaires au mont Chaâmbi dans la localité de Kasserine aux frontières algéro-Tunisiennes.
Une opération de grande envergure caractérisée par l’utilisation des moyens terrestres et aériens, faisant que les bombardements aient été entendus par la population de Kasserine. Aussi un échange de coups de feu avec un groupe terroriste a été constaté aux abords de ce massif montagneux, sans pour autant faire part d’un quelconque bilan.
Les bombardements visent à détruire les cachettes du groupe, alors que les forces tunisiennes pourchassent depuis décembre, dans la région, une cellule de plusieurs dizaines de combattants liés à Al-Qaïda, selon des médias tunisiens. Par ailleurs, les forces de sécurité ont effectué un coup de filet parmi la mouvance islamiste radicale, en mettant la main sur une douzaine de salafistes extrémistes arrêtés à la mosquée Tawba à Kasserine. Evidemment, de l’autre côté de la frontière, en Algérie, la situation n’est pas moins complexe, en ce sens que les forces militaires se sont redéployées de plus belle afin de prévenir d’éventuels débordements de combats et bien entendu sauvegarder l’intégrité territoriale de l’Algérie.
Néanmoins, la situation risque de dégénérer à la frontière algéro-tunisienne si les forces armées tunisiennes ne venaient pas à intensifier les opérations de ratissage dans les maquis frontaliers et bénéficier de l’aide des troupes algériennes très expérimentées en la matière. La montée des islamistes en Tunisie est tout simplement spectaculaire ces derniers mois, encouragée certes, par la grande mobilisation des Frères musulmans en Egypte après l’éviction de Mohamed Morsi. Cependant, en Tunisie, la revendication des islamistes prend des relents dangereux en optant pour des assassinats politiques déstabilisateurs.
D’ailleurs, ces agissements « préhistoriques » n’ont pas manqué de raviver la logique de l’affrontement parmi la société tunisienne gangrénée par le salafisme. L’on signale ainsi, des affrontements entre citoyens, augurant d’un scénario chaotique à l’égyptienne. Cette instabilité sécuritaire intervient, alors que la Tunisie est en proie à une contestation politique contre le gouvernement du parti Ennahda. Partisans du pouvoir et organisations de l’opposition ont appelé à des manifestations en cette fin de semaine. Trois personnes ont été blessées lors de heurts entre manifestants pro et antigouvernementaux qui se sont affrontés avec des jets de pierres dans la ville touristique de Sousse au sud de Tunis.
Les tensions politiques se sont accentuées avec l’assassinat de Mohamed Brahmi, figure de l’opposition laïque tunisienne, six mois après le meurtre d’un autre opposant célèbre, Chokri Belaïd. En outre, l’opération de grande envergure menée par l’armée tunisienne en représailles au meurtre de neuf de ses soldats, a mis en alerte les forces de sécurité algériennes tout au long de cette bande frontalière.
Sinon, la lutte antiterroriste en Tunisie, qui est à ses balbutiements, gagnerait à bénéficier de l’expérience inégalée de l’Algérie en la matière, au lieu de sombrer dans les raccourcis dangereux et des allégations inquiétantes.