Alors que dans plusieurs pays on compte le nombre des visiteurs étrangers et les recettes budgétaires de ce secteur économique, l’Algérie se contente de dénombrer les estivants locaux de ses villes côtières tout en rappelant ses chantiers et infrastructures, faute de tourisme bien évidemment.
L’été est la saison ou l’on aborde le plus souvent le tourisme. En Algérie, les chiffres et les déclarations sont abondants à ce sujet, sans pour autant sauver le secteur de son retard. Les discours et les chiffres se succèdent et se ressemblent tout comme les Algériens qui doivent réfléchir à deux fois pour trouver une escapade dans les pays voisins ou lointains. Cette année, un excès de déclarations de la part du département du Tourisme est quand même à signaler.
A commencer par le chiffre donné récemment par le secrétaire d’Etat chargé du tourisme, Mohamed Amine Hadj Saïd, qui a déclaré que plus de 40 millions d’estivants ont été enregistrés au niveau de 14 wilayas côtières du pays. Selon la même source, ces 40 millions se sont se rendu, depuis le début de la saison estivale, sur les plages et complexes touristiques du nord du pays.
Dans ce sens, l’on peut imaginer que le peuple algérien qui ne dépasse pas à l’heure actuelle les 38 millions aura quitté désert et villes pour s’entasser dans ces 14 wilayas. Outre les 38 millions, il sera question de se demander d’où sont venus les 200 000 autres estivants pour que le nombre des estivants atteigne 40 millions ? Il s’avère que le ministère du Tourisme invente, et invente mal, ses chiffres et bilans.
Dans sa déclaration, Mohamed Amine Hadj Saïd avait estimé que le nombre d’estivants enregistré depuis le début de l’année est appelé à augmenter durant les prochains jours. Qualifiant de « positif » ce nombre jusqu’à présent, M. Hadj Saïd a attribué cela « aux efforts consentis par les autorités des wilayas côtières visant à améliorer les prestations au profit des estivants ».
L’autre chiffre qui vraisemblablement nécessite une « révision » est celui avancé par le ministre du Tourisme, Mohamed Benmeradi. Lequel a déclaré jeudi, à l’occasion de la visite de travail du Premier ministre dans la wilaya de M’sila, qu’« environ 850 000 touristes étrangers ont visité l’Algérie durant le premier semestre 2013 ».
Selon lui, « ce chiffre devrait atteindre 1,5 million d’ici à la fin de l’année ». Reste à savoir si les hommes d’affaires, les commerçants qui se rendent en Algérie ne sont pas inclus dans la catégorie des touristes ou encore si l’Algérie ne reçoit pas des touristes « invisibles ».
Il faut dire que ces déclarations ne peuvent malheureusement pas, du moins pour le moment, redorer l’image terne et obsolète du secteur. La force d’une volonté se mesure par rapport à ses questionnements sur ce qui manque et non dans la glorification du vide et du retard. Parce qu’un tourisme ne se « chiffre » pas mais se planifie et se travaille.
A entendre la déclaration du Premier ministre Abdelmalek Sellal, par contre, l’on pourrait s’attendre à un nouveau souffle pour le secteur, si les actes suivent les paroles, bien entendu. S’exprimant sur cette question à l’occasion de sa visite de travail à M’sila, M. Sellal a mis l’accent sur la nécessité de booster le tourisme et d’aller vers l’autre au lieu de demeurer dans l’isolement actuel.