Corruption : une entreprise canadienne a financé la propriété de Chakib Khelil aux Etats-Unis

Redaction

« La politique des Etats-Unis ne permet pas de divulguer les informations que vous avez demandé parce qu’il s’agit d’informations personnelles», a répondu officiellement, et après consultation du secrétariat d’Etat aux affaires étrangères, l’ambassade des Etats-Unis à Alger au confrère Al Djazaïr News qui s’est rapproché de ses services pour confirmer ou infirmer la nationalité américaine de l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil.

La réponse des Etats-Unis maintient le doute. Mais pas seulement. La non diffusion du mandat d’arrêt contre Khelil et huit autres personnes liées au scandale de Sonatrach sur le site d’Interpol, pousse aussi à se poser des questions. Et cela même si le représentant d’Interpol à Alger, et directeur de la police judiciaire, a affirmé, dans un article paru sur le journal online Algérie Patriotique : «Les propos et instructions du procureur général près la cour d’Alger ont été clairs.

Nous travaillons depuis toujours dans le respect des lois de la République dans toutes les affaires et quand il y a un mandat d’arrêt international, nous le généralisons immédiatement et automatiquement dans tous les pays et sur tout notre réseau.» De toutes les façons, Khelil a affiché son intention de se présenter devant la justice algérienne et étant donné que son procès a une connotation politique et que sa médiatisation risque de créer une certaine pression sur la justice algérienne, Hocine Zehouane, le président de la Ligue Algérienne pour la défense des droits de l’Homme, a déclaré hier, sur les colonnes d’El Khabar, que les défenseurs des droits de l’Homme sont prêts à être aux côtés de l’ex-ministre afin de s’assurer du bon déroulement de l’ensemble de la procédure judiciaire, loin de tout règlement de compte.

En attendant la présentation de Chakib Khelil devant la justice, les médias italiens continuent leurs révélations sur le dossier. Le journal italien Ilsole 24 ore a révélé le 16 août dernier qu’à travers les comptes de Farid Bedjaoui en Suisse, des Canadiens ont financé un bien de Chakib Khelil. Le média italien, qui cite de nouveaux résultats des enquêtes de la justice italienne, a affirmé que l’entreprise canadienne First calgary petroleum a signé des contrats avec l’entreprise Parc limited, appartenant à Farid Bedjaoui, entre 2002 e t 2007.

L’argent reçu dans les comptes de la société de Farid Bedjaoui, basée en Suisse, a été utilisé pour financer une propriété de Chakib Khelil et son ami Omar Habour, sise au Maryland, aux États-Unis. Le journal fait référence également à deux lettres trouvées que l’ex-ministre de l’Energie aurait adressé au président de First Calgary Petroleum. Dans ces correspondances Chakib Khelil aurait exprimé son inquiétude quant à un possible changement de l’administrateur délégué, M. Anderson. Un changement qui aurait des conséquences néfastes sur leur activité.

Quelques mois après cette lettre, en septembre 2008, First Calgary a été acquise par ENI pour 610 millions euros. Ilsole 24 ore a également fait état du déplacement en Italie de deux juges algériens et deux éléments du DRS, et ce, afin de poursuivre l’enquête dans ce pays et échanger des informations avec les enquêteurs à Milan. Le journal italien a fait état également du versement de sommes d’argent par une filiale d’Orasom Construction dans les comptes en Suisse de Farid Bedjaoui. Il a précisé que la cour de Milan a rejeté la semaine dernière la demande de mise en liberté présentée par le comptable Peter Vérone et les anciens hauts dirigeants de Saipem, estimant que le procureur a présenté des preuves suffisantes établissant la culpabilité des accusés.

Rappelons que l’enquête de la justice italienne a trouvé des traces de paiements de pots de vin qui s’élèvent à des millions d’euros, par Saipem et d’autres entreprises, dont la canadienne SNC Lavalin. Elle a également découvert les biens (yachts, oeuvres d’art, propriétés et entreprises) ainsi que des comptes ouverts par les accusés à Dubaï, au Liban, à Singapour, au Panama et la Suisse. Les sommes détournées n’ont pas encore été quantifiées avec précision mais on parle d’une somme qui dépasse le demi milliard d’euros. Le principal bénéficiaire serait, selon les enquêteurs italiens, Farid Bedjaoui et l’ancien ministre Chakib Khelil est soupçonné d’être le destinataire de la majorité des fonds. D’ailleurs, le comptable Vérone a dit aux enquêteurs que Bedjaoui a servi comme collecteur de pots de vin au nom du ministre algérien: «Il m’a dit qu’il donnait de l’argent au ministre de l’Energie Khelil.»

Lu sur La Tribune