Éliminatoires du Mondial 2014 : L’Algérie ne craint pas l’Egypte

Redaction

Un match barrage, comme celui de la fin de l’année 2009 est donc envisageable. Seulement en deux manches, cette fois-ci. La seconde devant avoir lieu en Algérie, au regard de la procédure de désignation des équipes disputant les matches barrages justement adoptée.

Et déjà, dans le virtuel ou dans le naturel des deux pays, peuples et galeries, on s’y prépare : qui pour la toute nécessaire revanche, qui pour l’éternelle ou toute reconnue suprématie ! L’euphorie de la qualification au dernier tour alimente donc ces discussions byzantines sans probable fin. Elle les pimente et les pigmente, à la mesure de l’humeur des uns et des états d’âme des autres.

D’un côté comme de l’autre, on commence par mettre sur pied l’équipe-type, finalisant les derniers préparatifs et peaufinant les ultimes retouches à une formation de choc qui saura garder les pieds sur terre et mettre, le moment voulu, le ballon dans les filets adverses.

A ce jeu-là, même les officiels s’y prêtent à mesure que la polémique enfle et que les désirs des uns et des autres se gonflent et se dégonflent, se dessinent, se consignent et s’expriment publiquement, faisant surtout l’impasse sur cette réserve à pourtant pudiquement l’entretenir et la considérer dans ses formes et relations conventionnelles.

La flamme qu’entretient le foot avec ses acteurs et nombreux spectateurs est-elle plus forte que celle de l’amour existant entre deux quelconques êtres humains?

Probablement oui, parce que ce jeu arrive parfois à défaire tous les liens ancestraux tissés depuis déjà une très longue vie commune entre deux peuples frères, deux tribus imbues de leur prestige et aura, deux quartiers entiers, deux villes voisines ou très lointaines, deux pays frontaliers ou alliés à la même cause ou politique régionale ou internationale, deux mondes d’un même continent ou d’une même planète.

Et même si les relents de la confrontation footballistique de 2009, bien visibles sur ce terrain minier politique, restent encore susceptibles d’influer sur les relations bilatérales entre les deux pays, une prochaine ou probable confrontation sportive entre les deux sélections considérées est jugée à très haut risque, étant à même d’attiser le feu d’une toute prochaine guerre politique mettant aux prises deux pays frères et voisins.

Les plus sages de ce bas monde n’évoquent cette ‘’éventualité’’ que dans l’optique de se gausser des attitudes des uns et des autres dans leurs interprétations farfelues ou osées de l’évènement largement commenté et de sa possible réédition, sous une forme ou sous une autre.

Ils savent tous que le foot, mieux que tout autre parti politique, draine ces nombreuses foules de jeunes gens qui poussent souvent le jeu en dehors de l’arène pour en utiliser le résultat à longtemps ridiculiser l’adversaire et ses plus fidèles supporters.

Ils en usent alors et en abusent à dessein, de ce substrat qui les amuse et dont la ruse et les railleries constituent l’essentiel de leur passe-temps, capable de tuer en eux-mêmes cet ennui qui les guette à tout moment. Seulement, l’état d’esprit des deux sélections considérées mérite que l’on s’y attarde un instant à l’effet de jauger de leurs capacités à passer avec succès ce dernier tour qualificatif.

Ainsi, l’Egypte comme l’Algérie se remettent de nouveau à espérer en des jours bien meilleurs, après avoir toutes les deux raté le rendez-vous africain de 2011, et connu des fortunes plutôt presque identiques en tout point de vue.

Et comme des sphinx, ils se relèvent et renaissent alors de leurs propres cendres, très conscients qu’ils ont encore une bonne carte à jouer dans cette coupe du monde, devant avoir lieu au Brésil en 2014. Mais à l’inverse de l’année 2009, les rôles ont donc fondamentalement changé cette foisci et les positions respectives dans la hiérarchie du classement dans le gotha footballistique international auront été donc permutées.

Ainsi donc, l’Egypte n’est plus ce chef de file arabe et africain d’autrefois, puisqu’ayant entre-temps perdu beaucoup de plumes … et de places dans l’échelle de la hiérarchie mondiale de ce sport-roi. Elle cède donc sur ce même terrain de vérité la place à l’Algérie qui ne fait cependant pas mieux, mais qui prend tout de même la tête du peloton arabe et de l’Afrique du nord.

Et comme le billet qualificatif doit impérativement passer par un résultat positif final combiné de la double confrontation directe entre deux sélections classées dans le chapeau ‘’un’’ et ‘’deux’’, Algériens tout comme Egyptiens, pensionnaires respectifs de ces deux paliers, y voient donc une nouvelle possibilité de vivre un remake en deux manches de l’aventure du 18 novembre 2009. Mais au fond d’eux-mêmes, ils préfèrent presque tous éviter cette possibilité qu’offre pourtant le prochain tirage au sort devant avoir lieu au Caire le 16 septembre prochain.

Sinon d’en parler tout bonnement et tout simplement. Et tant qu’il existe encore une possibilité sur cinq, les suppositions vont bon train, tout comme d’ailleurs les éventuels pronostics et autres spéculations, à la lumière des derniers développements au plan des résultats techniques affichés tout dernièrement par chaque pays.

Les trois prochains mois qui nous séparent de cette date du titrage au sort seront presque tous consacrés à toute sorte de supputations ou d’allégations, donnant libre court à toutes les fantaisies probables ou encore jusque-là jugées juste inimaginables !

Le diagnostic fait au coeur des deux sélections laisse pourtant largement transparaitre que beaucoup de choses ont changé de part et d’autre, et que les données alors affichées il y a quelque quatre années de cela se trouvent être toutes dépassées, sinon de fond en comble transformées.

L’Algérie comme l’Egypte ont toutes les deux changé d’entraineur, troquant l’enfant du pays contre ce coach étranger. Ainsi donc Saadane a été remplacé par Wahid Halilodzich, et Shéhata par Bradelay. Aussi, leur effectif respectif aura été rajeuni à hauteur de plus de quatre-vingt pour cent.

Et ni Antar Yahia, Belhadj, Saifi, Ziani et Gaouaoui, d’un côté, ni Ahmed Hassen, Mido, El Hadari, de l’autre, ne figurent encore parmi les joueurs du moment. Un autre monde a donc pris place et ses quartiers au sein et à la périphérie de la sélection de deux pays considérés, muni d’une autre feuille de route, façon de jouer et, en autres, objectifs à réaliser. Toutefois, le schéma du contexte général, lui, n’a pas beaucoup changé. Ni pour l’Algérie, ni même pour l’Egypte.

Ainsi, les deux formations continuent comme toujours à puiser leurs talents au sein de ces viviers et réservoirs bien différents. Mieux encore, avec toutes les multiples contraintes que subit de plein fouet l’Egypte depuis déjà janvier 2012 à ce jour, elle compte encore et toujours sur son effectif maison malgré un championnat plusieurs fois à l’arrêt et un manque flagrant de compétition de leur formation fétiche.

Ceci, au moment où l’Algérie part donc, comme c’est devenu de tradition, très tôt à la chasse de ces oiseaux rares sur le territoire du vieux continent, délaissant de la sorte à jamais cette formation à la base de jeunes catégories susceptible de lui assurer la relève de son effectif présent.

Comme de tradition, le club-phare de la grande Egypte continue encore de glaner des titres continentaux, léguant au passage toute une myriade de jeunes talents à sa sélection nationale, ayant en plus fourbi leurs armes aux mêmes combats et suivant les mêmes techniques footballistiques inculquées à leurs ainés.

Bien au contraire, l’Algérie n’arrive plus à afficher sa suprématie d’antan au sein de cette compétition africaine de clubs, essuyant année suivant une autre année toutes ces défaites et autres contreperformances collectionnées à la série devant parfois des clubs de seconde zone ou de moindre calibre.

De plus, le jeu égyptien, demeure encore ce jeu plaisant, varié, puissant et très convaincant, au contraire de celui algérien resté toujours tâtonnant, inconséquent, haché, décousu et ennuyeux par moment.

A la tactique de shéhata très réaliste qui avait damé le pion aux très gros calibres des champions africains par trois fois consécutives, avait succédé cette rigueur de positionnement et de la relance prônée par son successeur l’américain Bradley, longtemps mise en application avec le team national des Etats Unis d’Amérique durant le dernier mondial 2010.

Quant à l’Algérie, disposant paradoxalement d’un effectif bien meilleur que son ex adversaire sur le plan purement individuel, son jeu est passé de cette approche défensive collective extensible mais très flexible, quadrillant le terrain par manque de maitre à jouer au sein de l’effectif durant l’ère Rabah Saadane à cette forme de jeu bien quelconque axée surtout sur l’exploit individuel combiné à ces longs ballons jetés en pleine course à un centre-avant au punch avéré et bien déterminant.

Ainsi, L’Egypte, a gardé, comme toujours ou de tradition, son propre jeu, ou celui d’antan, arrivant bien souvent sinon presque toujours à marquer plus de buts à son adversaire du jour, avec en plus une défense aussi rude et très solide qu’autrefois. Au pays du Nil, le foot coule de source, limpide et en clair liquide, propre et spectaculaire.

L’Algérie, par contre, marque des buts mais sa défense n’est plus aussi imperméable qu’hier et l’avant-veille, faute justement de schéma tactique très rigoureux de l’entraineur du moment. En somme, ce qui a plutôt bien changé c’est plutôt cette haute qualité et très grande variété dans l’effectif offensif dont dispose le coach actuel et qui faisait grandement défaut à son prédécesseur, obligé de bien verrouiller par derrière.

Chose plus grave encore, Wahid Hallilodzich n’éprouve plus cette confiance et sérénité avérée et bien confirmée sur les terrains de jeu reconnue à son prédécesseur Rabah Saadane ! Sinon comment expliquer cette peur bleue manifestée devant de bien modestes équipes de la trempe de la Lybie, du Rwanda ou du Bénin, face auxquelles l’Algérie, bien meilleure techniquement, avait pourtant évolué avec pas moins de trois récupérateurs dont un défenseur central très mal en point à son nouveau poste. En témoigne d’ailleurs ces balles trop faciles balancées à tort et à travers.

La meilleure des qualités chez un demi défensif n’est-elle pas cette capacité à récupérer le ballon des pieds de l’adversaire et se lancer le premier à l’attaque ? Certains de ceux qu’il avait alignés à ce jour à ce poste sensible disposent-ils vraiment de cette indéniable qualité, bien rare chez le reste de leurs co-équipiers ?

Avec la richesse de cet effectif dont il dispose, les spectateurs algériens auraient aimé y voir de véritables porteurs d’eau à l’exemple de Mohamed Kaci-Said (RCK), de Abdellah Kechra (MCO), de Chérif El Ouazani (MCO) de Ali Fergani (NAAHD), Serridi (ESG), Bouziane (ASMO)) et autres encore… Sinon de véritables maitres à jouer de la trempe d’un Mustapha Dahleb (PSG), Lakhdar Belloumi (MCO), Rabah Madjer (Porto), Zidane (USMA), Tlemçani (CRB), à la limite … un autre Ziani (OM)… Mais rien n’y fit, bien malheureusement ! N’ayant surtout pas honte de l’avouer : notre foot n’est plus plaisant comme auparavant, encore moins convainquant !

L’Egypte, au contraire, pratique ce jeu très attrayant, bien réaliste et très puissant. A chacune de leur action collective, le spectateur est invité à découvrir cette marque de fabrique de ce label haut de gamme : en témoigne d’ailleurs ces titres gagnés haut la main et en série tant par ce légendaire club du Ahly du Caire que par leur sélection nationale.

Du côté du Nil, on a toujours mauvaise souvenance de cet exploit technique individuel d’El Harami (2004) et de ce tir-assassin de ce Yahia, le vrai Antar des pharaons (2010) ; tandis que sur les berges du Chélif cette tête litigieuse de Hossam Hassan (1989) hante encore les nuits des algériens ! A vouloir jouer les premiers rôles avec seulement le produit de notre émigration, on est tenté de croire que faire dans l’urgence nous éloigne de notre beau football d’antan.

A la France, on lui emprunte l’intelligence de notre élite afin de récupérer en échange cette intelligence des pieds ! Bizarre… ! Une bien sale méthode ! Mais le monde a dorénavant bien changé : si autrefois les mains sales apportaient ce pain blanc, à présent c’est avec les pieds qu’on gagne beaucoup d’argent ! Qu’il était con cet enseignant qui me disait, il y a si longtemps : ‘’tu es sale comme tes pieds’’ ! S’il était encore en vie, il aurait sûrement changé d’avis. Et dire que l’Algérie reste encore incapable de produire tout juste ces pieds qui jouent bien au foot ! Cette terre de lumière et de savoir est-elle devenue si inculte, si infertile ?

Lu sur Le Monde Aujourd’hui

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