En Algérie, l’homosexualité est un délit puni par la loi. S’il se fait prendre, un adulte risque de deux mois à deux ans de prison et une lourde amende. C’est surtout un tabou.
Plus que le droit, c’est le poids de la religion qui pèse sur les mentalités. Mensonges, hypocrisie, peur, sont le quotidien des homosexuels algériens. Ils ont suivi le débat sur le mariage pour tous en France… mais sont loin d’imaginer, chez eux, une telle reconnaissance. Leur urgence, c’est de mettre un terme à la stigmatisation et aux poursuites. Certains rêvent cependant d’être autre chose que « des maîtresses un peu comme le destin des geishas »…
« Deux filles ensemble choquent moins »
Ils seraient 6% à 8%, sur une population de 35 millions de personnes. Mais les chiffres sont difficiles à établir précisément. L’homosexualité serait plus facile à vivre pour les femmes que pour les hommes : « Deux filles main dans la main choquent moins que deux garçons. » Mes témoins avouent rencontrer prés de 99% de bisexuels. Des hommes ayant une vie sociale « classique ». Pour réaliser le diaporama que vous pouvez voir en haut de cette page, j’ai mesuré la difficulté d’expliquer en trois minutes un problème humain aussi sensible, et j’ai choisi de laisser s’exprimer les mots intimes, en confiance, loin des clichés et des caricatures.
Par la force des choses, j’ai travaillé avec des photographies volontairement floues. Volontaire aussi est le traitement exacerbé des couleurs. Cette conversation a pour décor involontaire un appartement, défraîchi et plein de poésie, datant de l’époque coloniale. Dans ce quartier vivaient majoritairement des Français. Aujourd’hui, cet appartement c’est l’Algérie, et aussi l’empreinte d’une culture qui attire pour sa tolérance. Un lieu à part, hors du temps, où l’on peut parler autour d’un café.