Import-export : l’autre manne de la corruption

Redaction

importation exportation Algérie

Un nouveau scandale de corruption. La procédure du crédit documentaire (Crédoc), censée réguler les opérations de commerce extérieur, a été utilisée par des importateurs véreux à des fins de détournement de grosses sommes d’argent. 

Les affaires de corruption, qui ont défrayé la chronique ces derniers temps, ne représentent que l’arbre qui cache la forêt. Il est vrai que des scandales impliquant de hauts cadres de l’État ont de quoi alimenter les commentaires et susciter l’indignation, comme ce fut le cas pour l’affaire de l’autoroute Est-Ouest ou encore l’interminable affaire Sonatrach. Mais, en termes d’ampleur réelle, d’autres affaires, moins médiatiques, par ce qu’éparpillées, distillées sous de vulgaires opérations d’achat-vente, constituent une véritable saignée pour l’économie nationale.

Profitant du dispositif mis en place pour encadrer le commerce extérieur, des importateurs ont réussi à détourner des milliards de dollars, sortis légalement des banques algériennes. La procédure du crédit documentaire (Crédoc), censée réguler les opérations de commerce extérieur, a été utilisée par des importateurs véreux à des fins de détournement de grosses sommes d’argent.

Des milliards ont été dépensés par les banques algériennes dans des opérations douteuses d’achat de bananes, kiwis et autres fromages. Ces opérations frauduleuses ont eu une incidence directe sur la facture alimentaire, qui a connu une hausse vertigineuse ces derniers temps. La majorité des sommes allouées par les banques algériennes sont détournées, via des processus de trafic bien huilés, vers des paradis fiscaux en Asie du Sud-Est. Ces transferts illicites sont favorisés par des opérations de surévaluation des factures. Une procédure bien connue, pourtant, des services de douanes, mais qui reste, quand même, très répandue.

Les enquêtes menées par les services concernés touchent également les exportateurs qui ne rapatrient pas leurs devises. Plusieurs importateurs ont été mis sur la liste noire, mais rien ne semble arrêter ce gros trafic. Il suffit de constater que la courbe des importations a explosé durant le premier semestre de l’année en cours, augmentant de plus de 13% et atteignant quelque 30 milliards de dollars pour affirmer que c’est toute l’économie nationale qui est mise en danger si cette saignée n’est pas stoppée.

Plus qu’un simple délit économique commis par quelques personnes avides de gain rapide, il s’agit d’un transfert massif des devises par le biais des banques algériennes. Une saignée organisée des économies du pays, qui compromet dangereusement les équilibres financiers du pays et qui met sa balance commerciale au rouge, après plusieurs années de passage au vert.

Les gouvernements successifs ont vainement tenté de contrôler les opérations de transfert d’argent, mais les trafiquants ont toujours eu une longueur d’avance et ont toujours réussi à s’adapter aux différents dispositifs pris par la Banque d’Algérie et les Douanes algériennes. L’Algérie, comme beaucoup d’autres pays, attire toutes les convoitises, notamment en raison de ses réserves de changes. De par le monde, des spécialistes en montages d’opérations financières douteuses sont là pour proposer à nos nouveaux riches des formules irrésistibles pour se faire le maximum d’argent sur le dos du contribuable.

Des importateurs viennent d’être débusqués, d’autres ne le seront probablement pas. Mais cette affaire devrait donner matière à réfléchir au gouvernement, quant à la dangerosité de laisser le commerce extérieur, comme le commerce de gros, entre les mains de gens qui pourraient en faire ce que bon leur semble.

Lu sur Liberté