Lu sur Huffington Post
Interrompre une grossesse volontairement est une chose courante, mais reste un sujet tabou. Dans le monde, plus d’une grossesse sur trois n’est pas planifiée et près d’un quart des femmes choisissent de subir un avortement chaque année.
Le nombre annuel d’avortements dans le monde est d’environ 42 millions, dont près de 22 millions sont effectués illégalement dans des conditions dangereuses.
Selon un rapport de l’OMS, dans la région Afrique du Nord/Moyen-Orient, entre 160 et 260 femmes meurent chaque année des suites d’avortements non médicalisés, qui sont au nombre de 100.000.
Si le choix de ne pas devenir mère peut être un choix personnel, il est souvent étroitement lié au contexte social et aux conditions de vie.
Dans les sociétés arabes, s’opposer à l’avortement est une conviction très largement partagée. Le droit des femmes à disposer de leur corps contre le droit du fœtus. Quelles sont les législations en vigueur dans nos pays?
Dans les pays musulmans, avorter, même dans certains cas, paraît inacceptable pour beaucoup. L’interruption volontaire de grossesse (IVG) est interdite dans plusieurs pays car considérée comme un crime contre l’humanité dès lors qu’il s’agit d’interrompre la formation d’un fœtus à naître. Dans les pays arabes, l’avortement illégal est passible de lourdes peines d’emprisonnement.
Au Maroc, l’avortement est interdit, sauf si la vie de la mère est en danger. Mais dans la pratique, l’avortement est toléré et la plupart des médecins le pratiquent. Entre 600 et 800 avortements médicalisés et 200 autres, non médicalisés, sont effectués chaque jour. Selon Rebecca Gomperts, fondatrice de « Women on Waves », 78 femmes meurent chaque année au Maroc des suites d’un avortement clandestin.
L’avortement en Algérie est également interdit. Dans deux cas seulement, l’IVG est autorisée: pour des raisons thérapeutiques afin de sauver la vie de la femme, ou si le fœtus présente des risques de malformations graves. En cas de viol, l’interruption d’une grossesse n’est pas autorisée sauf s’il s’agit d’un viol commis dans le cadre d’un acte terroriste. Après la décennie noire, l’Etat algérien avait autorisé l’avortement des femmes violées par le GIA (Groupe islamique armé).
L’IVG est autorisée en Tunisie depuis 1973. Le droit tunisien accorde aux femmes la possibilité de pratiquer le contrôle des naissances et de recourir à l’avortement jusqu’au 3e mois de grossesse. La Tunisie est d’ailleurs le seul pays arabe qui n’impose aucune condition à l’avortement durant la période légale. Une première loi sur l’avortement avait été introduite en 1965, légalisant l’interruption de grossesse pour les femmes ayant plus de 5
enfants.
L’avortement est actuellement illégal en Egypte, Syrie, Libye, Irak, aux Emirats Arabes Unis et à Oman. Pourtant en 2008, l’influente institution sunnite Al Azhar au Caire avait déclaré que les femmes victimes de viols pouvaient se faire avorter pour garantir « la stabilité sociale ».
Le Bahreïn n’interdit pas l’avortement de façon absolue mais requiert néanmoins la recommandation d’un médecin. Selon le chroniqueur bahreïni Hasan ElHasan: « le code pénal ne considère pas une tentative d’avortement comme un crime ». « Il existe même certaines pharmacies qui vendent secrètement des pilules d’avortement sans ordonnance », raconte-il au HuffPost Maghreb.
Arabie Saoudite, Jordanie, Liban et Qatar autorisent l’avortement seulement en cas de viol ou si la santé physique ou psychique de la mère est menacée.
Ces lois sévères ont pour conséquence que les avortements sont souvent effectués par des personnes non qualifiées, et de façon clandestine. Face à la difficulté de leur situation, de nombreuses femmes ont recours à des méthodes extrêmes. Certaines acceptent de « s’enfoncer des cintres dans le vagin, un morceau de bouteille ou un mélange de verre pilé », au risque d’avoir leur utérus perforé ou d’être victimes d’infections pouvant conduire à la mort.
Les avortements artisanaux constituent l’un des plus grands risques de mortalité pour les femmes. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 13% des morts maternelles sont dues à des avortements illégaux avec des méthodes dangereuses.