Dans une conjoncture marquée par des révoltes dites du «Printemps arabe» et caractérisée sur le plan national par des questionnements autour de l’après-Bouteflika, certains y voient une occasion pour l’Algérie de réaliser ce qu’ils appellent «une transition pacifique».
Ce serait une sorte de rupture avec «un système qui a fait son temps ainsi que tous ceux qui l’ont incarné». Autrement dit, ceux qui sont au pouvoir et ceux qui ont l’ambition d’y retourner en prenant part aux prochaines élections présidentielles, après avoir été par le passé des figures de ce système. Cet espoir est exprimé par un Français d’origine algérienne, diplômé d’universités européennes et expert dans son domaine, l’économie. Pour lui, le moment est tout à fait indiqué pour «se mettre en avant» et montrer qu’il y a pour l’Algérie d’«autres alternatives, des jeunes, compétents et capables de prendre le relais».
Dans une conjoncture marquée par des révoltes dites du «Printemps arabe» et caractérisée sur le plan national par des questionnements autour de l’après-Bouteflika, certains y voient une occasion pour l’Algérie de réaliser ce qu’ils appellent «une transition pacifique». Ce serait une sorte de rupture avec «un système qui a fait son temps ainsi que tous ceux qui l’ont incarné». Autrement dit, ceux qui sont au pouvoir et ceux qui ont l’ambition d’y retourner en prenant part aux prochaines élections présidentielles, après avoir été par le passé des figures de ce système. Cet espoir est exprimé par un Français d’origine algérienne, diplômé d’universités européennes et expert dans son domaine qui est l’économie.
Pour lui, le moment est tout à fait indiqué pour «se mettre en avant» et montrer qu’il y a pour l’Algérie d’«autres alternatives, jeunes, compétentes et capables de prendre le relais». L’Algérie n’est, dit-il, pas forcée de composer systématiquement avec la génération de responsables qu’elle a connue depuis l’indépendance. Et d’ailleurs, «leur discours est complètement en décalage avec les mutations que la société algérienne a subies». Ces personnes «ne comprennent plus la société d’aujourd’hui».
Cet immigré n’est qu’un échantillon d’une diaspora algérienne qui nourrit de plus en plus d’ambition vis-à-vis de son pays d’origine dont la richesse du potentiel n’a d’égale que la lenteur de son processus de développement. Récemment encore, un homme d’affaires français d’origine algérienne, Rachid Nekkaz, annonçait sa candidature pour la prochaine élection présidentielle en Algérie avec pour projet d’éradiquer la corruption et le chômage.
Selon le dernier recensement, on compterait 7 millions d’Algériens à l’étranger. Beaucoup d’entre eux sont jeunes et diplômés des universités les plus renommées au monde. Ils sont ingénieurs, entrepreneurs, scientifiques, intellectuels et ils font les beaux jours de leur pays d’adoption.
A titre d’exemple 80% de la diaspora algérienne installée en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) est composée de hauts diplômés, selon le sociologue Hocine Khalfaoui (La diaspora algérienne en Amérique du Nord, 2006).
En Europe et particulièrement en France, la communauté algérienne est beaucoup plus imposante. Fateh Ouazzani, président de Reage (Réseau des Algériens diplômés des grandes écoles et universités françaises), recensait il y a quelques mois entre 300 000 et 400 000 cadres et entrepreneurs algériens ou d’origine algérienne en France et en Europe.
Constituer des réseaux
Que faut-il donc attendre des compétences algériennes à l’étranger ? Selon une étude consacrée à la diaspora de la région sud-méditerranéenne, réalisée par le réseau de coopération euro-méditerranéen Anima (2011), pour être efficace, ces talents s’organisent en réseaux capables de servir de «passerelles pour le développement économique entre les pays d’origine et les pays hôtes». L’Algérie compte une quarantaine de réseaux (contre 67 au Maroc) de compétences détectés à l’étranger principalement en Europe et en Amérique du Nord. La moitié de ces réseaux relèvent du monde des affaires, le reste est réparti entre la société civile et le monde scientifique et technique.
En matière d’initiatives économiques, ces réseaux tentent de rapprocher les hommes d’affaires de leur pays hôte du marché algérien à travers des rencontres d’affaires régulières ou de visite de délégations économiques en Algérie. C’est notamment le cas du conseil algéro-américain des affaires ou encore le Réseau des Algériens diplômés des grandes écoles. Le réseau Algerian Start-up Initiative (ASI), regroupant des talents algériens vivant dans la Silicon Valley, organise depuis 2009 un concours visant à aider les Algériens de la diaspora qui le souhaitent, à lancer des projets d’investissements en Algérie. Selon l’ASI, les formations et l’entrepreneuriat sont de «bonnes portes d’entrée pour les expatriés qualifiés».
Ce réseau de compétence s’étoffe chaque année. L’année 2012 a vu naître une association dédiée à la diaspora algérienne appelée AIDA (Algerian International Diaspora Association). Elle s’est fixé comme objectif de «regrouper la diaspora algérienne à travers le monde afin de créer un réseau efficace de solidarité et la faire contribuer au développement de l’Algérie». Pourtant cela ne semble pas être le cas.
A qui la faute ?
Mais, la diaspora algérienne est souvent critiquée pour sa faible participation à l’essor de l’économie nationale.
Dans d’autres pays, notamment arabes, cette participation est aussi importante que les recettes touristiques ou flux d’investissements directs étrangers (IDE). Selon l’étude d’ANIMA, en Jordanie par exemple, les transferts de devises de la diaspora jordanienne représentaient en 2009, plus de 15% du PIB, plus que les recettes de tourisme (10,7%) et le double des flux d’IDE (6,4%). Au Maroc (6,9% du PIB) et en Tunisie (5% du PIB), la part de ces transferts est supérieure à celle des flux d’IDE, respectivement 6,1% et 2,2% du PIB.
Pour les représentants de cette communauté algérienne, la faute incombe surtout aux pouvoirs publics algériens. Le président de AIDA, l’homme d’affaires Abdelwahab Rahim, PDG du groupe Arcofina, a déclaré dans l’une de ses sorties médiatiques que la diaspora algérienne était prête à apporter son savoir-faire pour peu que les pouvoirs publics créent «les conditions adéquates» à l’investissement. Pour cela, il faut qu’ils aient «une vision claire, une feuille de route». Ses revendications sont celles de tous les hommes d’affaires algériens, à savoir «de la clarté» en matière d’approche économique.
Les réseaux des compétences scientifiques réclament quant à eux un «espace d’échange» leur permettant de «promouvoir des échanges professionnels en réseau». Bachir Mazouz, président de RAUC, pointe dans l’étude d’Anima, «un manque d’organisation dans les structures universitaires et académiques d’accueil». Pour tenter de répondre à ces sollicitations et les anticiper, un conseil consultatif pour la communauté algérienne à l’étranger a été créé en 2009 avec pour mission de mobiliser les compétences pour les faire contribuer au développement de l’Algérie.
Lu sur El Watan