L’Algérie accusée à tort d’être impliquée dans l’assassinat de Chokri Belaid ?

Redaction

Simple hallucination d’un avocat qui ne prend même pas le temps de vérifier ses informations ou manipulation à escient d’une opinion à préparer pour des jours douloureux à venir ? La rumeur qui accuse notre pays n’est certainement pas l’oeuvre de Tunisiens. Elle viendrait de loin et, comme la frontière avec la Tunisie est le seul côté encore plus ou moins stable pour notre pays, il n’est pas besoin de faire un dessin.

Depuis quelques jours, rapportent certaines sources, circule en Tunisie une certaine rumeur en relation avec l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd. Cette rumeur, qui se fait de plus en plus persistante, a fini par être, toujours selon les mêmes sources, reprise par certains officiels et certains milieux «généralement bien informés». D’abord, les rumeurs, il y en a toujours et il y en aura sans doute tant que l’homme marche sur terre et comme, en plus, cette rumeur est colportée chez nos voisins et non chez nous, il n’y a donc rien qui mériterait un papier. Sauf que cette rumeur nous concerne. Oui, elle nous concerne et de la pire des manières.

Dire que le ou les tueurs de Chokri seraient arrivés d’Algérie, n’est en soi rien de significatif car lorsqu’on sait la situation actuelle dans la région, on n’ignore pas que les frontières ne sont pas hermétiques surtout depuis la guerre du Mali. Le groupe qui a attaqué le site gazier d’In Amenas a dû parcourir au moins trois pays et passer autant de frontières sans être pour autant inquiété. De ce côté-ci donc, il n’y a rien d’alarmant. Ce qui l’est cependant, c’est que certains veulent voir en cela une implication directe de l’Etat algérien.

En effet, si d’aucuns se contentent de reprendre la pseudo information sans jamais faire de relation avec notre pays, c’est-à-dire sans accuser notre pays, d’autres par contre laissent clairement sous-entendre que l’Algérie serait carrément impliquée. En d’autres termes, ce serait, selon eux, l’Etat algérien qui aurait préparé et planifié ce crime. Même à ce niveau, et entre voisins, on peut à la rigueur laisser passer et faire semblant de n’avoir rien entendu pour laisser le temps à nos voisins de découvrir ceux qui ont exécuté et ceux qui ont planifié l’odieux assassinat.

Malheureusement, les choses ne se sont pas arrêtées là. Il y a d’abord, Ben Mrad, l’avocat de la famille Belaïd qui, fonçant tête première dans la marmite, se laisse prendre dans un jeu machiavélique dont il ne saisit ni les tenants ni les aboutissants et déclare ouvertement dans sa conférence de presse qu’il tient «d’un informateur avisé» qu’un «individu de la région de Kasserine avait aidé trois Algériens à s’infiltrer en Tunisie le jour ou la veille de l’assassinat et qui ont ensuite quitté la Tunisie le jour de l’assassinat». Accuser un pays frère et voisin de surplus, sur la base d’un témoignage sans valeur autour d’une soi-disant entrée illégale de trois Algériens dans le territoire tunisien aurait prêté à éclat de rire, ya Si Mrad, n’eût été la gravité de l’évènement auquel cela se rapporte. Evidemment, après avoir pointé le doigt vers notre pays, l’avocat a voulu jouer à la fausse honnêteté en tentant de cacher son index derrière le dos. Mais le coup était bien parti et l’accusation bien faite. Dire après coup que parce que ces individus étaient entrés d’Algérie ne signifie pas qu’ils sont algériens ou que ceci ne signifie pas l’implication de l’Algérie en tant qu’Etat ne sert pratiquement plus à grand-chose. Ben Mrad a joué à un jeu qui le dépasse. Et il s’y est investi à fond, au point qu’il a cru possible de marcher là où il n’a ni la capacité de tenir debout ni l’ambition réelle de se promener. Sur le coup de son ivresse passagère d’une vérité douteuse dont il qu’il croyait être le détenteur exclusif, il est allé jusqu’à s’en prendre à la justice de son pays et à porter atteinte au corps des magistrats. Ce qui lui valut une dénonciation de la part du syndicat des magistrats qui n’a pas tardé à réagir. Ensuite, la Commission nationale des avocats aussi a réagi en faisant savoir sa désapprobation de la déclaration de Mrad avocat et président du comité de défense de la famille Belaïd, enfin, c’est la famille Belaid qui signifie son désaveu de la démarche de Mrad et lui retire carrément l’affaire. Jusque-là tout semble donc «normal»dans cet épisode monté de toutes pièces par un avocat qui hallucine ou qui croit qu’il suffit de défendre un grand homme pour devenir soi-même important.

Tout est normal? Peut-être, n’eut été cette information, non vérifiée jusqu’à présent, qui souligne que la famille de Chokri Belaïd entame les démarches pour demander l’intervention d’un juge d’instruction international et à laquelle l’auteur ajoute «Nous voilà donc avec un dirigeant nationaliste aimé, devenu martyr de son idéologie, tué en plein jour par des inconnus, et voilà qu’un, puis deux, puis plusieurs index s’orientent pour désigner comme son potentiel assassin, un pays voisin, qui se trouve, par le hasard des choses nanti d’une incommensurable richesse et doté d’une armée qui impose le respect. Il ne reste plus qu’à désigner un juge d’instruction international, chose qu’est déjà partie requérir la famille du défunt, pour coller de façon absolue au scénario du meurtre de Rafik Hariri dont a été accusée la Syrie.» Le reste on le connaît bien sûr!

Là, maintenant, plus rien n’est normal. Les choses, ainsi considérées, prennent une tout autre signification. L’avocat Ben Mrad ne serait alors qu’un simple pantin charge d’une gesticulation quelconque que d’autres parties, plus rompues à ce genre d’affaires, allaient prendre en charge. Au point où en sont les choses dans le monde qui nous entoure, plus rien n’étonne. Du moment que, ainsi qu’on l’a vu chaque fois que nécessaire, les ennemis des peuples poussent comme les bactéries dans les poubelles d’une humanité qui ne sait plus où elle va ni ce qu’elle fait, ni encore moins, pourquoi.
Il est temps que l’on se regarde bien en face dans le miroir de la réalité, notre réalité. Notre amère réalité. Nous avons un pays qui, par ses richesses, attire plus d’un. Qu’avons-nous fait pendant cinquante ans pour tenir éloignés de nous tous les malades et tous les fous de ce monde ? Pourquoi au fond continuer à croire que le déferlement des crises et des guerres de ce siècle nous épargnerait ?

Lu sur L’Expression