Les mauvaises nouvelles du PDG de Sonatrach

Redaction

Le groupe Sonatrach ambitionne de multiplier par deux le nombre de puits forés par an afin d’augmenter ses réserves d’hydrocarbures, a annoncé ce dimanche 24 février son PDG, Abdelhamid Zerguine. « Nous prévoyons de forer 160 puits, contre 70 à 80 aujourd’hui. L’effort d’exploration doit être la pierre angulaire de notre développement », a déclaré M. Zerguine.
Baisse de la production
Sonatrach, qui produit actuellement 200 millions TEP (tonnes équivalent pétrole), compte en produire 225 millions TEP en 2017. « Nous avons connu une légère baisse de notre production globale depuis 2008. Nous pensons la redresser, pour arriver à 225 millions TEP en 2017. Aujourd’hui, la moyenne est de 200 millions TEP », a précisé M. Zerguine, qui a reconnu la faiblesse des découvertes d’hydrocarbures en Algérie. « On épilogue beaucoup sur les réserves, sans avoir les données réelles. La preuve, durant la dernière décennie, on a toujours dit que nous allions vers un assèchement de nos réserves, cependant, l’effort d’exploration nous place en tête des pays en matière de découvertes, qui restent toutefois modestes. Elles ne sont pas en adéquation avec le recouvrement total de notre production », a-t-il expliqué. En 2012, Sonatrach a réalisé 31 découvertes d’hydrocarbures, dont 7 en partenariat avec des compagnies étrangères et 24 en effort propre, a précisé M. Zerguine. « Il est vrai que nous avons pu recouvrer autour 30% de nos réserves. Nous aurions aimé en trouver plus. Nous travaillons à densifier et à multiplier l’effort d’exploration », a-t-il dit.
Situation très préoccupante
Le potentiel de l’Algérie est de quatre milliards TEP, dont un peu plus de la moitié en réserves gazières, 1,3 milliard en équivalent pétrole et le reste en GPL et condensat, a précisé M. Zerguine. « Malheureusement, nos découvertes sont modestes et n’augmentent pas nos réserves globales, mais elles contribuent à 30% de notre consommation globale. Nous sommes très préoccupés par cette situation et c’est pour cela que nous envisageons d’intensifier les travaux d’exploration pour les ressources conventionnelles et non conventionnelles », a avoué M. Zerguine. Autre motif d’inquiétude pour Sonatrach, la hausse de la consommation nationale de gaz, qui se fait au détriment des exportations de l’or bleu. L’Algérie produit 80 milliards m3 de gaz et exporte 60 milliards m3, selon M. Zerguine « Avec la consommation nationale, cette exportation est en train de diminuer », a averti M. Zerguine, plaidant pour une politique de rationalisation de la consommation de gaz. Les exportations de Sonatrach sont les mêmes qu’en 2011, autour de 72 milliards de dollars. La baisse de la production est compensée par les prix élevés du brut, selon le même responsable.
Quatre nouvelles raffineries avant 2017
Dans l’avant pétrolier, Sonatrach ambitionne aussi d’investir massivement pour répondre à la demande nationale en carburants et autres produits issus de la transformation des hydrocarbures. L’Algérie compte investir ainsi entre 14 et 15 milliards de dollars pour construire quatre nouvelles raffineries d’une capacité de cinq millions de tonnes chacune. « La consommation des produits pétroliers augmente d’une façon vertigineuse. Nous avons décidé d’augmenter notre capacité de raffinage. Notre capacité était de 22 millions de tonnes. La réhabilitation des raffineries va nous permettre de l’augmenter à 27 millions de tonnes. Nous avons programmé la réalisation de quatre nouvelles raffineries de cinq millions de tonnes pour satisfaire la demande nationale et une raffinerie en offshore de 10 millions de tonnes pour soutenir l’exportation », a détaillé M. Zerguine. L’entrée en production des quatre nouvelles raffineries est prévue pour 2017, selon le même responsable. L’Algérie importe plus de trois millions de tonnes de gasoil par an. M. Zerguine s’est expliqué sur la multiplication des incidents à la raffinerie de Skikda. « Nous avons choisi de rénover cette raffinerie sans interruption de la production. Nous avons confié cette raffinerie à des groupes qualifiés. Lorsque nous avons 15.000 travailleurs sur un site que nous voudrions réhabiliter avec le 30 juin, des risques pareils sont inévitables. Nous le regrettons », a-t-il ajouté.
L’avenir est dans les énergies non conventionnelles
Le PDG de Sonatrach a annoncé également des investissements de 20 milliards dans la pétrochimie pour répondre à la demande nationale et exporter, mais sans donner de détails sur ces projets.
M. Zerguine a assuré que les ressources non conventionnelles, notamment les gaz de schiste, représentent « l’avenir » de l’Algérie. Des études suffisantes montrent que notre avenir est dans les ressources non conventionnelles. Les indications préliminaires nous placent parmi les pays leaders dans ce domaine », a précisé M. Zerguine, qui a salué la promulgation de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. « Cette loi est venue classifier les ressources conventionnelles de celles non conventionnelles », a-t-il dit. Le patron de Sonatrach s’est montré rassurant sur les risques que représente l’exploitation des gaz de schiste sur l’environnement en Algérie. « Sonatrach est respecté aujourd’hui pour sa qualification. Il n’y a pas de raisons pour que nous ne puissions pas prendre en charge les risques liés à l’exploitation des ressources non conventionnelles », a-t-il dit.
Début de la prospection en offshore en 2014
Le groupe Sonatrach a chargé la société CGC Veritas pour effectuer la campagne sismique dans l’offshore algérien et compte entamer la prospection des hydrocarbures en mer dès 2014, selon M. Zerguine, qui a indiqué que Sonatrach compte développer et poursuivre son développement à l’international. « Dans certaines régions, comme le Sahel, nous avons des difficultés pour des raisons sécuritaires. En Libye, nous avons fait deux découvertes, il y a deux ans, et nous venons d’enregistrer une belle découverte dans le bloc 95 », a-t-il précisé. Le PDG de Sonatrach a ajouté que la mise en marche du méga train de production de GNL de Skikda aura lieu fin avril prochain.