Les « naufragés » syriens du Square Port-Saïd à Alger

Redaction

Une nouvelle vague de réfugiés syriens est arrivée en Algérie. Depuis une dizaine de jours, la place du Square Port-Saïd est occupée par des dizaines de familles syriennes venues de Idleb, Damas, Homs… des zones de combats entre rebelles et forces du régime de Bachar El-Assad.

En empruntant le littoral, la présence de ces familles est imposante. Des bagages sont éparpillés tous azimuts, les femmes s’y arc-boutent pour allaiter leurs enfants en bas âge, pour la plupart, ou tout simplement s’en servant en tant que dossiers. Affublés de tenues légères maculées de taches, les enfants aux visages livides, courent dans tous les sens, inconscients de leur situation incertaine.

Toutefois, les bambins en âge d’être scolarisé, aident leurs parents à dénicher quoi manger et quelques sous pour se payer un hôtel. Ces derniers bordent les rues, aux aguets de toute opportunité, pour soutirer une pièce à toute bonne âme charitable, sous un soleil de plomb.

Des poubelles sont jonchées à même le sol, avec comme compagnons des cafards et des rats, vecteurs de maladies transmissibles par excellence. Pour leur part, les femmes forment des groupes de cinq à dix personnes maximum, pour éviter d’être repérées par les services de sécurité.

Tandis que les hommes, eux, se tiennent à l’écart, dos contre les arbres, comme pour guetter quiconque s’approchant de leurs foyers. Pour le moment, les réfugiés syriens ont de quoi vivre, leur départ de Syrie ne remonte qu’à une dizaine de jours. Quoique, certaines familles sont déjà dans le besoin et l’aumône demeure l’unique issue. En effet, des pères de famille recourent à la mendicité pour s’assurer un logis et de la nourriture.

LE CENTRE DE SIDI- FREDJ COMPLET

A leur arrivée en Algérie, les réfugiés syriens s’apprêtaient à gagner Sidi-Fredj, mais contre toute attente, le centre que les pouvoirs publics leur ont réservé, étant complet. Du moins, c’est ce que nous révèle une jeune mère de famille, dont les signes de fatigue et d’insomnie sont perceptibles sur son visage noirci par les rayons de soleil frappants de ce mois de juin.

« Nous avons atterri un mardi soir, nous avons joint le camp aménagé par l’Etat algérien, mais il n’y avait pas assez de places pour tout le monde », a déclaré un jeune homme qui a surgi de nulle part. Par ailleurs, un autre groupe nous a déclaré que « la vie était difficile à Sidi-Fredj ». « Rien n’est à notre portée », a regretté une mère portant un bébé sur son giron.

Par ailleurs, un autre groupe a répondu que la situation était « déplorable » à Sidi-Fredj. Un groupement qui, à première vue, n’a pas l’air de faire partie de la dernière vague, puisqu’ils connaissent les conditions misérables qui prévalent à l’enceinte de ce camp. « Les tentes ne nous protègent pas des insectes », a lancé une femme âgée.

« C’est un trou perdu, sans commerce, sans un minimum de confort », rechigne une voix retentissant de loin. D’où leur choix de s’installer à Port- Saïd, leur camp de toujours, où l’altruisme de certains passants fait leur bonheur.

LA VIE EST TROP CHÈRE À ALGER

Bien que le Square soit meilleur hôte que Sidi-Fredj, les réfugiés syriens n’ont pas l’intention d’occuper Port-Saïd longtemps.

« La vie est trop chère », regrettent-ils. Ils ont l’intention de voyager à travers les autres wilayas jusqu’à ce qu’ils trouvent un endroit qui peut convenir à leur situation financière. Décidemment, bien informés sur la qualité de vie de chaque région en Algérie, les syriens prévoient Médéa comme prochaine destination qui, apparemment a bien réussi aux vagues précédentes.

« On nous a prévenu qu’il y avait du travail là bas », a déclaré un homme d’âge mur. Précisant que « les papiers ne sont pas exigés ». Ce qui les arrange à bien des égards. Cependant, les syriens n’ont pas hésité à pointer du doigt la nonchalance des autorités algériennes sur leur sort.

« On était bien au Liban », nous jettent-ils à la figure. « Si ce n’est qu’il n’y avait pas de travail, on se portait mieux », ont-ils ajouté. Pour ce qui est des photos, le refus était unanime. « On risque d’être identifiés, quelques membres de nos familles ont péri parce que la presse a rapporté leurs déclarations sur le conflit », nous a murmuré une jeune fille d’à peine 20 ans.

Lu sur Les Débats