Madjid Mezghenna, un franco-algérien, sera candidat à la présidentielle en Algérie

Redaction

En présentant sa candidature à l’élection présidentielle en Algérie, le franco-algérien Madjid Mezghenna compte bien aller jusqu’au bout de sa démarche politique. Rencontre.

Comment arrive-t-on à prendre la décision de se présenter à l’élection présidentielle en Algérie ?

Il y a sept ans, j’avais déjà eu l’intention de me présenter. Je voulais avoir une vue sur l’Algérie démocratique. À cette époque-là, le gouvernement n’était pas à mon goût. Mais aujourd’hui, ça fait environ 60 jours que l’Algérie est en attente et bloquée.

Aucun ministre ne peut se réunir, soit disant, sans la présence de Abdelaziz Bouteflika, le président algérien. Et je trouve ça injuste et inadmissible, même si le président est dans l’incapacité d’exercer pour une raison ou une autre, le président du Sénat doit prendre le relais. À l’instar d’une république démocratique.

Ce qui se passe là-bas me fait mal. Toute cette situation engage le pays dans une impasse de gouvernance irresponsable.

Alors pourquoi vous vous voyez candidat ?

Je ne me suis jamais présenté à une élection, mais je suis citoyen, alors j’en ai le droit. En étant Franco-algérien, je peux donc me présenter. De plus, j’ai connu Bouteflika dans ma jeunesse lorsqu’il était ministre. Et surtout, je veux et je peux changer les choses. J’ai 67 ans, je n’ai pas d’ambition personnelle, ce n’est pas mon avenir qui m’intéresse, mais celui de l’Algérie. Je suis donc un candidat désintéressé et je pense que c’est important.

Je désire au plus profond de mon être que l’Algérie aujourd’hui, soit à l’image de tous les pays démocratiques.

Vous vous présentez sous quelle étiquette ?

Je me présente comme candidat libre mais avec une étiquette qui serait L’Union algérienne pour la Justice et le développement.

Et comment allez-vous y arriver ?

Le corps électoral va être convoqué, une date va être fixée, tous ceux qui veulent se présenter, doivent se présenter au ministère et retirer leur dossier de candidature quand ce sera le bon moment. Ensuite, l’élection est prévue pour avril 2014, mais sera peut-être programmée avant suivant l’état de santé du président.

Vous avez un programme en conséquence ?

Cela fait 52 ans que l’Algérie est indépendante et il faut revenir à l’application de la Constitution de 1956 et l’adapter à la politique mondiale, et non pas l’extrapoler comme c’est le cas en ce moment.

Pourquoi ne pas avoir pensé à vous présentez en France ?

J’ai la double nationalité. J’ai vécu en France, j’ai vécu en Algérie. Il ne faut pas oublier que ces deux pays ont une culture commune. Mais la situation en Algérie me serre le cœur et me révolte, plus que celle en France.

Sinon, dans les grandes lignes, il faut améliorer l’éducation et la formation des jeunes pour que ces derniers puissent accéder à une profession, permettre aux entreprises de créer de l’emploi en faisant une réforme de la fiscalité. Je trouve impensable que dans un pays où les ressources sont nombreuses, mais inexploitées, on continue à importer de l’étranger alors qu’on a tout sur place, par manque simplement de structures.

Si vous êtes élu, quelle sera votre première réforme ?

Ce sera une réforme afin d’abroger le Code de la famille qui existe actuellement et qui prive les femmes de leur liberté de choisir, de penser.. Je n’accepterai jamais qu’une femme soit privée de son droit ou de ses compétences au sein de la société algérienne. Personne ne doit barrer la route à quiconque. Sans oublier, car c’est ce qui en découle : la liberté d’expression et donc de la presse. Je suis catégorique, je n’accepterai aucune censure.

Côté religion, quel est votre positionnement ?

Je suis pour un état laïque et un Islam modéré qui soit capable de s’adapter au monde et au temps de la civilisation en cours. On n’est plus au temps du prophète, il faut évoluer.

Pensez-vous sérieusement que vous avez des chances ?

De belles, de très belles… D’autant plus que mon nom, Mezghenna, est le véritable nom d’Alger, la capitale, où je suis venu au monde…

Lu sur Le Midi Libre 

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