La tuerie de Charlie Hebdo a ravivé chez plus d’un journaliste algérien des images douloureuses, celles des 123 journalistes et employés de presse assassinés entre 1993 et fin 1997. Années noires d’un peuple qui a payé du prix du sang la terreur islamiste naissante.
Tout a commencé début janvier 1993. Minbar al-Djoumou’â, organe du Front islamique du salut (FIS), donnait un délai de quarante jours aux journalistes pour « se repentir ». Suivait la publication d’une première liste de journalistes condamnés à mort. Au Matin : Mohamed Benchicou, Ghania Hamadou, Said Mekbel, Hassane Zerrouky, Ali Dilem. À El Watan : Omar Belhouchet, Tayeb Belghiche, Omar Berbiche, M. Messaoudi. ÀAlger républicain : Abdelhamid Benzine, Halim Mokdad, Mortada Zabouri. À Ruptures : Tahar Djaout. Et Ghania Khelifi à Liberté. La menace est relayée par Wafa, la radio clandestine du FIS. Le 14 janvier 1993, le GIA (Groupe islamique armé) étend sa sommation à l’ensemble des journalistes. Dans les rédactions, les menaces se font par téléphone, précédées par un verset coranique, et par écrit. Certes, déjà en 1990-1991, El Mounquid et El Forkane, organes propriétés du FIS, avaient promis la potence aux journalistes « judéo-sionistes » quand le FIS serait au pouvoir. Le chef de ce parti, Abassi Madani, ne les accusait-il pas d’être manipulés par « les communistes » et les « services » ? Mais, pour autant, personne alors ne pensait que les islamistes mettraient à exécution leurs menaces, tellement cela paraissait incroyable, d’autant que la liberté de la presse, arrachée à la suite du soulèvement populaire d’octobre 1988, avait à peine deux ans d’existence.
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