Dimanche, en fin d’après-midi, nous n’étions pas rue de la Roquette à Paris, au moment où des pro-Israéliens et des pro-Palestiniens ont essayé d’en découdre en marge de la manifestation de soutien à Gaza – 7 000 personnes s’étaient réunies selon la police, plus de 30 000 pour les organisateurs.
Insultes antisémites et anti-Arabes, échauffourées aux abords d’une synagogue, jeunes de banlieue, CRS et Ligue de défense juive (organisation classée terroriste en Israël et aux Etats-Unis, mais pas en France) : après cette manif, tout était réuni pour fantasmer.
Dimanche soir, nous avons dû nous contenter des rares faits vérifiables à ce moment-là pour rendre compte des incidents. Nous avons travaillé comme d’habitude : chaque fois qu’il y avait du nouveau, nous avons mis à jour en apportant des précisions. Certains lecteurs, emportés par l’émotion, se sont laissé aller à des réactions virulentes et des accusations – injustes – de parti pris à notre endroit.
Si tu ne dis pas de mal de lui, c’est donc que tu es contre moi
Depuis, comme beaucoup de confrères, nous avons cherché à savoir ce qui s’est réellement passé.
Les deux parties s’accusent mutuellement : pour les pro-Israéliens, les incidents de la rue de la Roquette sont la preuve des relents antisémites de la manifestation, au cours de laquelle des « morts aux juifs » auraient été proférés par certains dans la foule ; pour les pro-Palestiniens, il s’agit d’un guet-apens. La Ligue de défense juive aurait tout fait pour provoquer un affrontement devant la synagogue et le monter en épingle.
En enquêtant un peu ici et là, on se heurte au mieux à beaucoup de passion, au pire à de l’hostilité. C’est toujours la même devise : « Ce n’est pas moi, c’est lui qui a commencé et si toi, journaliste, tu ne dis pas du mal de lui, c’est que tu es contre moi. »
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