Revue de Presse. Algérie : “l’autoritarisme rentier a conduit au mal-développement”

Redaction

Après un cafouillage politico-médiatique de trois jours, “Les Débats d’El Watan”, autour du thème “Statu quo autoritaire : quel coût pour l’Algérie ?”, ont pu finalement avoir lieu hier à Alger.

La rencontre aura été une occasion pour le directeur du journal de revenir sur les péripéties de l’interdiction formulée à la veille de la tenue de cette rencontre par les responsables de l’Oref. Une interdiction dont il faut bien convenir qu’elle charrie quelques zones d’ombre dans la mesure où elle tombait dans un contexte de tension avec le voisin marocain sur fond d’accusations mutuelles sur les violations des droits de l’Homme et à la veille d’une visite, finalement reportée, du secrétaire d’État américain John Kerry. “On a été soumis au chantage, votre présence signifie : laissez les Algériens, même s’ils ne peuvent, pour l’heure, influer sur la décision, discuter de leurs problèmes”, a, d’emblée, lancé Omar Belhouchet autour de ses invités et devant une assistance nombreuse.

Et le thème ne pouvait mieux être choisi pour la circonstance pour les conférenciers dont l’ex-ministre du Commerce sous le gouvernement de Mouloud Hamrouche, Smaïl Goumeziane, Mohamed Hachemaoui, politologue, et Mouloud Boumghar, juriste, pour mettre à nu un régime algérien dont la mise en place et le maintien coûte trop cher au pays. “Aucun statu quo ne fera l’affaire. Le maintien du statu quo signifie la poursuite de la logique rentière. Il faut mettre un terme en urgence au système rentier”, a lancé l’économiste Smaïl Goumeziane. “L’autoritarisme rentier a conduit au mal-développement”, a-t-il relevé, avant d’égrener un chapelet de griefs et de constats, dont les classements de l’Algérie dans divers domaines, comme la corruption, le climat des affaires, la liberté de la presse, révélateurs à ses yeux des “coûts économiques subis par le pays”. Il évoque, également, la fuite des capitaux, les scandales financiers et la dilapidation des ressources. “Est-il normal qu’un pays comme la Chine multiplie en 20 ans ses revenus par trois, alors que l’Algérie les a multipliés par 1,7 fois, malgré d’immenses revenus pétroliers ? Est-il normal que la facture alimentaire atteigne 10 milliards de dollars ?”

Il reste que, pour l’ex-ministre, le drame de l’Algérie est que l’autoritarisme du régime se combine à un système rentier, contrairement à certains régimes autoritaires qui ont un système économique productif, à l’image de la Turquie, de la Chine et de la Corée du Sud, une option qui débouche sur l’ouverture de la société. “Le système rentier est un système de régulation liberticide, il est congénitalement autoritaire. L’existence des rentes suppose le blocage de toutes les libertés”, soutient-il.

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