Lu sur L’Expression
L’extradition de Abdelmoumen Khalifa poursuivi par les deux pays a fait l’objet de demande aussi bien de l’Algérie que de la France.
Nouvel épisode dans le feuilleton Khalifa. Lequel des deux pays, l’Algérie ou la France obtiendra l’extradition du golden boy algérien? L’extradition de Abdelmoumen Khalifa poursuivi par les deux pays, a fait l’objet de demande aussi bien de l’Algérie que de la France. A titre de rappel, la justice britannique avait prononcé une décision d’extradition de Khalifa vers la France à la fin août 2007, alors qu’il était attendu en Algérie. La France a formulé la demande d’extradition pour «banqueroute frauduleuse, blanchiment d’argent et abus de biens sociaux». L’exécution de la procédure prévue pour le 25 septembre 2007, a dû être reportée pour que l’appel interjeté par la défense de Khalifa soit examiné.
L’ex-milliardaire algérien, toujours en détention préventive en Grande-Bretagne, a été condamné en première et deuxième instance pour «association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux» dans l’affaire de la faillite de Khalifa Bank. Cela d’une part, d’autre part le juge londonien, Timothy Workman a examiné et validé la demande d’extradition de Khalifa formulée par l’Algérie en avril 2008. Ceci dit, le rebondissement dans l’affaire Khalifa intervient dans une conjoncture hautement électorale. Dans cette logique, on est en droit de se demander s’il n’ y a pas un lien direct avec la course à la succession au Palais d’El Mouradia? Ces développements «positifs» dans le feuilleton de l’extradition de Khalifa sont annoncés à quatre mois de la présidentielle.
Car s’il s’avère vrai, l’Algérie a dû donc présenter un dossier suffisamment étayé et solide pour faireaboutir la demande. Cela dénote, on ne peut plus, que l’Algérie a dû fournir toutes les garanties nécessaires aux autorités judiciaires britanniques, selon plusieurs juristes. Les autorités judiciaires nationales ont dû présenter un dossier solide pour se faire livrer Khalifa, qui a été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité en mars 2007 par le tribunal criminel de Blida. Généralement, «les pays sollicités pour l’extradition exigeaient au préalable des garanties liées, notamment à la tenue d’un procès équitable, des preuves tangibles consignées dans le dossier et une procédure correcte en bonne et due forme», a souligné, hier Boudjemaâ Ghechir président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (Ladh). Il est relevé aussi que la justice britannique a mené des consultations avec des experts juridiques algériens indépendants pour mesurer le degré d’impartialité de la justice algérienne, dans le cadre de cette affaire. D’autres observateurs y voient par là, la volonté d’effacement de l’autre scandale de corruption de Sonatrach 2. Ces derniers estiment que si l’extradition pourra intervenir avant l’élection présidentielle, le re-jugement de Khalifa, un dossier trop compliqué se fera éventuellement après avril 2014.
Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh a confirmé le refus essuyé par la défense de Khalifa. En ce sens que «Khalifa s’est vu refuser un recours devant la Cour suprême britannique le trois décembre et qu’il avait épuisé ses recours au Royaume-Uni». Cependant, son extradition vers l’Algérie, sera possible si «Abdelmoumen Khalifa ne dépose pas de recours devant la Cour européenne des droits de l’homme», selon le ministre.
Pour rappel, Khalifa, détenu en Grande-Bretagne où il s’est réfugié en 2003, a été condamné, en mars 2007, à perpétuité par le tribunal de Blida. Il a été notamment reconnu d’ «association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux» dans l’affaire de la faillite de Khalifa Bank. Khalifa fait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par l’Algérie, doublé d’une demande d’extradition déposée auprès des autorités britanniques. L’ex-milliardaire est aussi sous le coup d’un mandat d’arrêt européen délivré par la justice française pour
«abus de confiance, banqueroute par détournement d’actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité et blanchiment en bande organisée».