Une visite médicale «routinière». C’est ainsi que la présidence de la République justifie le déplacement de Bouteflika au Val-de-Grâce. Une thèse remise en cause par des médecins qui considèrent que si le président de la République avait réellement un rendez-vous, rien n’empêchait son ajournement puisqu’il intervient à quelques jours de la convocation du corps électoral. Ils ajoutent que dans le cas d’un AVC, un contrôle ne s’impose qu’en cas d’évolution «non positive» du patient.
L’évacuation du président de la République, au-delà des interrogations qu’elle suscite car intervenant dans un contexte politique des plus flous, soulève des questions d’ordre purement technique. Qu’est-ce qu’un rendez-vous routinier pour une personne ayant déjà subi un accident vasculaire cérébral ? Qu’y a-t-il à contrôler dans ce cas-là ? Qu’est-ce qu’une urgence ?
A ces questions, un médecin souhaitant garder l’anonymat répond qu’un contrôle purement routinier ne nécessite aucune évacuation urgente. Il explique que dans le cas de Bouteflika, il s’agit d’une oblitération d’un réseau vasculaire et que s’il devait y avoir contrôle, il concernerait justement l’état des bronches qui ont été obstruées ou alors s’assurer que celui qui n’a pas été touché lors de l’AVC continue de fonctionner normalement. Dans certains cas, c’est l’intégralité du «réseau» qui est vérifié. Mais pour ce médecin, il est difficile de préjuger de l’état de santé du Président face à l’absence d’informations fiables. Il rappelle comment lors de sa dernière évacuation, la thèse de l’accident transitoire avait d’abord été avancée avant qu’il ne s’avère que le Président avait été victime d’un accident vasculaire cérébral. Dans ce cas, estime notre source, l’accident n’était pas sans conséquences sur le cerveau et le contrôle apparaît comme inapproprié sauf si une complication est entre-temps intervenue surtout que l’âge du patient et son état général sont souvent un élément déterminant.