Chez nous, quand on est là-haut, on ne meurt jamais. On a toujours le temps de revenir.
Autorisation, annulation, annulation de l’annulation … Telles ont été les dernières d’un longue liste de rebondissements dans la préparation de la dernière session du CC du FLN et qui démontrent, si besoin est, que la présidentielle 2014 sera particulièrement intense et différente de toutes celles qui l’ont précédée car, en fin de compte, ce qu’ont vécu les militants du FLN, jusque-là, ne sont que les conséquences de luttes au sein du pouvoir pour le contrôle de l’après-Bouteflika.
On avance par ci que le clan présidentiel est derrière tel événement, on répond par-là que l’autre clan, sans jamais le qualifier, est derrière tel autre événement. Parfois, on nous parle même de plusieurs clans. Ce qui est sûr, c’est que les choses ne sont ni normales ni naturelles sinon comment expliquer qu’une autorisation à un regroupement de parti soit accordée par le ministère de l’Intérieur au clan de Boumehdi ; récusée, suite à un recours du clan Belayat par le Conseil constitutionnel qui verra sa décision presque aussitôt invalidée par la justice qui confirme ainsi l’autorisation au clan de Boumehdi ? Comment expliquer que, lorsque deux ailes d’un même parti se disputent, l’administration prend parti avec l’une d’entre elles au lieu de garder sa neutralité en les renvoyant à la justice ? Autres temps, autres moeurs !
Saâdani : un retour, des sens et un message
Il ne fait pas de doute que conformément à la basse idée que nous nous faisons ici de la politique, la majorité a déboulonné Belkhadem et c’est, aussi, la majorité qui suit l’orientation de Belkhadem aujourd’hui pour introniser Saâdani. On ne peut pas avoir plusieurs majorités différentes dans un parti ni une majorité changeante au gré des intérêts et, pour tout dire, on n’y comprend pas grand-chose, mais vaut mieux, peut-être, ne pas essayer! Pour revenir au FLN, après d’intenses luttes, tous fers dehors, entre frères d’hier, ce parti est finalement arrivé à désigner son SG. Certainement le plus apte, au regard de ceux qui l’ont propulsé aux commandes, à faire traverser au parti l’année de élection 2014.
Dans la mêlée, il nous a été donné de constater que certains, au lieu d’aller avec l’âge, ont préféré aller avec «le vent». Un jour ils sont par-ci, un jour ils sont par-là, à tourner, comme la girouette et à sauter d’un côté de la balance à l’autre. Certains se tenaient du côté de Belayat parce que disaient-ils «c’est le côté de la légalité» et aujourd’hui, ils rallient l’autre clan parce que, soutiennent-ils encore «c’est le côté de la légalité». Ou bien ces gens-là ne comprennent rien à la légalité, ou bien ils poursuivent d’autres desseins et d’autre principes. N’est-ce pas qu’on milite aussi pour le ventre parfois ? Peut-être même souvent ! Ainsi, il ne nous reste plus qu’à attendre ce qui va sortir de cette désignation au forceps que vient de connaître le FLN.
Mais en attendant, il ne faut pas croire que le retour de cet homme soit un simple concours de circonstances ou le fruit d’un hasard quelconque, tout comme il ne faut pas croire, non plus, qu’il soit revenu simplement pour le plaisir de… revenir. Quelle serait donc la véritable mission de Amar Saâdani à la tête du FLN? Et quelle serait donc sa feuille de route? A notre avis, ce retour inattendu de Saâdani, il faut en convenir, se veut porteur de beaucoup de sens et, surtout, d’un message.
La République sait reconnaître les siens…
Dans la biographie du nouveau SG du FLN, publiée à l’occasion, on s’aperçoit qu’il n’est pas venu hier au service de l’Etat, mais que, au contraire, il est là sur le perron de la République, depuis l’aube des temps. Pratiquement, depuis sa naissance, voire même avant! Le premier sens que l’on capte donc de cette intronisation du nouveau SG, c’est que, ainsi que nous l’avons mentionné, le discours flatteur sur la jeunesse que l’on nous sert de temps en temps, surtout la veille des élections, n’est que poudre aux yeux. Il n’y a rien pour les jeunes que des paroles en l’air. Il n’y a ni flambeau à remettre ni responsabilité à transmettre. Le tour est joué depuis 1962 et, depuis, les espoirs sont bridés à jamais pour les jeunes. Pour espérer un jour un poste de responsabilité d’envergure chez nous, et en plus d’autres choses, il faut commencer par dépasser l’âge de la retraite ! Chez nous, quand on est là-haut, on ne meurt jamais. On a toujours le temps de revenir.