Lu sur Le Parisien
Alors que le président sortant est usé, malade et, surtout, pratiquement incapable de gouverner, son clan le pousse à se représenter. Le pays retient son souffle.
Une pluie fine tombe par intermittence sur les immenses eucalyptus qui bordent le palais El-Mouradia, situé dans un quartier cossu d’Alger. Un policier en uniforme, col de l’imperméable remonté jusqu’à sa casquette blanche, fait signe aux automobilistes de circuler prestement dans une autre direction. On n’approche pas du bâtiment de la présidence algérienne, protégé par des barrières métalliques et des caméras de surveillance, à moins de disposer d’une autorisation spéciale. <btn_noimpr>
« Vous cherchez Bouteflika ? s’amuse un marchand d’oranges, cigarette aux lèvres. De toute façon, il n’est plus là depuis des mois. C’est le fantôme d’Alger. »
Fatigué, malade, le vieux leader (76 ans) se repose à la résidence d’Etat de Sidi-Ferruch, à 30 km à l’ouest de la capitale. Une vaste propriété au bord de la mer, loin des regards. Victime d’un AVC qui avait nécessité une longue et pénible hospitalisation à Paris de quatre-vingts jours, le chef de l’Etat ne communique plus guère sur sa santé. Mais, à Alger, les rares personnes qui l’ont approché décrivent un homme usé, à bout de souffle, dépassé par les événements.
Dernier vrai discours public en mai 2012
Un familier du régime résume : « Il ne parle plus ou très difficilement. Il a perdu l’usage d’un bras, ne se déplace quasiment pas et marche à grand-peine. Il a aussi des trous de mémoire. Disons que sa lucidité n’excède pas quelques heures dans la journée, au mieux. Bref, ce n’est pas brillant. » Le dernier vrai discours public de Bouteflika remonte à mai 2012, à Sétif…