Des partis politiques, arrimés au pouvoir, s’agitent, depuis quelques jours, laissant croire qu’ils oeuvrent pour maintenir M. Bouteflika au pouvoir, quelques années encore. Comment comptent-ils “vendre” ce projet au moment où l’homme ne renvoie nullement de lui-même l’image d’une personne ayant recouvré toutes ses facultés physiques et pouvant remplir pleinement ses fonctions présidentielles ?
Quinze ans aux commandes du pays, c’est assez. Vingt ans, c’est carrément too much, notamment dans le contexte politique international impulsé par les révoltes arabes. L’accident vasculaire dont a été victime le président de la République a donné logiquement de la consistance à la thèse de la succession au détriment de l’option du quatrième mandat.
Peut-on, en effet, imaginer M. Bouteflika, considérablement affaibli par la maladie qui l’a astreint à un long séjour à Paris pour des soins médicaux puis condamné à une convalescence d’une durée indéterminée depuis son retour au pays, animer la campagne électorale pour convaincre les électeurs à valider sa candidature à un nouveau quinquennat à la magistrature suprême ? Assurément non, même si l’on se réfère uniquement à des éléments d’analyse visibles, soit la manière dont il gère les affaires de l’État.
Certes, dans l’absolu, le président Bouteflika donne l’impression d’assumer ses prérogatives. Les dernières décisions qu’il a prises l’ont trop bien démontré, à telle enseigne qu’un doute s’est insinué dans les esprits quant à la source de leur inspiration.
Mais l’homme ne renvoie pas de luimême l’image d’une personne ayant récupéré les capacités physiques et pouvant désormais remplir pleinement ses fonctions présidentielles.
Il reçoit, par intermittence, le Premier ministre et le vice-ministre à la Défense et chef d’état-major de l’Armée nationale populaire chez lui, une ou deux fois en tenue d’intérieur, carrément en robe de chambre ou en pyjama. À l’exception de ces deux hauts responsables dans la hiérarchie de l’État et exceptionnellement un ancien Premier ministre tunisien, il n’accorde pas d’audience.
Il n’a pas réuni, depuis presque une année, le Conseil des ministres. Il ne s’est pas adressé directement à son peuple depuis bientôt un an et demi (le dernier discours date du 8 mai 2012 à Sétif). Cela fait des années qu’il n’a pas effectué de visites de travail dans les wilayas.
La supervision de la mise en oeuvre de son programme est déléguée au Premier ministre qui sillonne le pays avec des membres de son gouvernement, depuis décembre 2012. Il est aisé de constater que le président Bouteflika, éprouvé par le poids de l’âge et la maladie, a de la peine à achever le troisième mandat, qui prendra fin dans six mois.
Comment lui sera-t-il possible d’assumer les charges d’un quatrième mandat ou même d’une prolongation du mandat de deux autres années ? Pourtant, c’est ce que nous suggèrent les événements de ces derniers jours. Il y a eu d’abord le coup de force au FLN pour coopter Amar Saïdani au poste de secrétaire général.
Dès lors, ce dernier s’est adjugé le rôle de porte-parole de la présidence de la République, en justifiant ses choix et en sous-entendant ses projets. Il y a eu aussi un remaniement impromptu du gouvernement et des changements opérés au niveau des structures et des missions du DRS, ainsi que l’alliance subite du FLN avec le parti d’Amar Ghoul, le TAJ.
Enfin, Abdelkader Bensalah se met de la partie en déclarant, jeudi, lors d’une réunion de la commission nationale de préparation du 4e congrès du RND, que son parti a toujours soutenu le président Bouteflika et continuera à le faire.