Bien des mots courants en français viennent à notre insu des langues arabe, persane et turque.
Ils reflètent les richesses des civilisations islamiques, dans les sciences (le mot chiffre vient de sifr, qui signifie en arabe « vide, néant », à propos du zéro), dans la connaissance des animaux (la girafe, le chacal, parmi beaucoup d’autres) ou des plantes (tel le lilas, qu’on croirait français).
La musique arabe a fourni la guitare et le luth – le même mot que oud). Tissus et vêtements ne sont pas en reste : satin, percale, gilet, jupe en sont témoins. Parmi les couleurs, l’azur, le carmin (de kirmiz, le « kermès »).
Il ne faudrait pas oublier le commerce, avec magasin (mahzen), dont les Anglais ont fait magazine, ou bien tarif, ni s’étonner que l’amiral soit un émir, ou que, si notre bol vient de l’anglais, nos tasses sont arabo-persanes. Et qui ressent encore que divan et douane convoquent la Perse, l’Empire ottoman et les Arabes, en un même vocable à multiples facettes, de la poésie à l’administration et au mobilier ?
Ces civilisations orientales sont présentes, secrètement, dans nombre de nos manières de dire. Les mots adorent voyager; ceux qui sont venus de cet Orient se sont acclimatés avec bonheur dans bien des langues d’Occident : italien, espagnol, français, anglais, sans frontières.