Abdelaziz Bouteflika a tenu dimanche 29 septembre son premier conseil des ministres depuis le début de l’année. Même si le président reste très affaibli par son AVC , l’idée qu’il puisse briguer un quatrième mandat ou plus vraisemblablement prolonger de deux ans son actuel mandat fait débat.
« Pour sauver les apparences », titrait lundi 30 septembre le quotidien algérien El Watan pour évoquer le premier conseil des ministres de l’année présidé dimanche par Abdelaziz Bouteflika. Le président a tant peiné à se lever de son fauteuil que la scène à la sortie de la réunion a été coupée à la télévision, comme le montre la vidéo sur le site Tout sur l’Algérie. À 76 ans, Abdelaziz Bouteflika reste considérablement affaibli depuis son accident vasculaire cérébral d’avril dernier qui lui a valu près de trois mois d’hospitalisation en France.
Et pourtant, la presse et les milieux politiques algériens bruissent de la rumeur d’un possible quatrième mandat du président au pouvoir depuis quatorze ans, ou plus vraisemblablement d’une prolongation de deux ans de l’actuel quinquennat.
Le président ne s’est pas exprimé sur le sujet. Tout juste a-t-il rappelé« l’importance de prendre, d’ores et déjà, toutes les mesures et dispositions nécessaires afin de permettre à notre pays d’aborder, dans les meilleures conditions, les prochaines échéances politiques », selon le communiqué du conseil des ministres.
UN NOMBRE ILLIMITÉ DE MANDATS POSSIBLE
Mais son entourage rivalise de déclarations.Le ministre des transports, Amar Ghoul, a jugé vital pour l’avenir de l’Algérie le soutien à un quatrième mandat. Faute de quoi « les générations futures ne nous le pardonneront jamais », a-t-il déclaré le 21 septembre.
Le nouveau secrétaire général du FLN, Amar Saadani, juge, lui, préférable de transformer l’actuel quinquennat en septennat afin d’épargner toute fatigue inutile à celui qui a prouvé « son incomparable compétence à diriger le pays », rapporte cette semaine l’hebdomadaire Jeune Afrique.D’ailleurs, « pourquoi ferait-il campagne ? Les Algériens le connaissent très bien », justifiait Amar Saadani.
Le 17 septembre, un rapport sur la révision de la Constitution a été remis au président, sans que son contenu ait été dévoilé, permettant d’alimenter les rumeurs. En 2008, la Constitution avait été réformée pour autoriser un nombre illimité de mandats et permettre la réélection d’Abdelaziz Bouteflika l’année suivante.
DES RÈGLEMENTS DE COMPTES CHEZ LES MILITAIRES
Après des mois d’attentisme liés à la maladie du président, le clan présidentiel, incarné par les frères Bouteflika Abdelaziz et Saïd, a ainsi spectaculairement repris en main la situation. L’important remaniement ministériel du 11 septembre et les changements à la tête du département du renseignement et de la sécurité (DRS), la toute-puissante police politique, attestent en apparence sa capacité à influer sur la vie politique algérienne. Même si l’image d’un président physiquement à bout de course cadre mal avec cette lecture des événements.
« Le remaniement gouvernemental n’est qu’une mise en scène pour alimenter un semblant de vide politique », s’exclame Mohammed Hachemaoui, politologue à l’université Paris 8 et à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman. « Mais qui a géré le pays pendant la longue absence du président et pendant les dix mois sans conseil des ministres ? souligne-t-il. Le DRS n’a été ni décapité, ni démembré, il reste le détenteur des clés du pouvoir. »
Selon le politologue, le limogeage des généraux Tartag et Attafi, chargés, au sein du DRS, le premier du contre-espionnage et de la lutte contre le terrorisme, le second de la sécurité extérieure, n’a rien à voir avec une reprise en main du politique sur l’armée, mais s’explique par des règlements de compte internes au milieu militaire.