Au moment où une réunion de crise se tenait au département d’Abdelmalek Boudiaf, ce qui donne une idée sur la gravité de la situation, un cadre au niveau de ce même ministère, invité de la Chaîne III, en tentant de rassurer les citoyens donne l’air de s’être enfoncé dans ses explications et ses justifications.
En effet, Smaïl Mesbah, un responsable au niveau du ministère de la Santé, a indiqué hier que «les cas de paludisme enregistrés récemment dans certaines wilayas du pays ne représentent pas une épidémie ».
Or, ce responsable donne l’air de se contredire immédiatement après puisqu’il ajoute qu’il s’agit «d’un micro foyer sporadique à caractère local apparu à partir de cas importés». Les cas, jusque-là au nombre de 13 dont 3 décès, sont importés. Or, le fait que l’on reconnaisse qu’un micro-foyer a vu le jour, c’est que le facteur générateur du mal a su trouver un milieu favorable dans lequel il a pu s’implanter.
Les risques d’apparition de nouveaux cas, et même d’extension de ce mal à d’autres régions du pays ne sont donc pas exclus.Voilà pourquoi, sans doute, ce même responsable, qui s’est pourtant voulu confiant et rassurant, n’en a pas moins mis en exergue «la nécessité de renforcer et d’adapter les mécanismes de prévention en vigueur, contre cette maladie transmissible à partir du moustique anophèle».
Cela prouve, si besoin en était encore, que la situation est pour le moins préoccupante, pour ne pas dire carrément grave. Voilà pourquoi, au reste, le même jour une réunion d’experts nationaux en paludisme et épidémiologie a eu lieu au niveau du ministère de la Santé.
La bonne nouvelle, quand même, réside dans le fait que «le foyer apparu à Ghardaïa a été tari». Et, à en croire le même responsable, «aucun nouveau cas n’a été enregistré».
Le hic, cependant, c’est que ce responsable, qui reste quand même prudent et refuse de crier victoire trop tôt, ajoute juste après que «la dégradation environnementale comme l’insalubrité des villes et les eaux stagnantes, constituent un facteur de prolifération du moustique anophèle et d’autres moustiques, d’où la nécessité d’une collaboration entre les secteurs de la santé, les collectivités locales, de l’agriculture et de l’environnement ».
Le professeur Mesbah a également saisi cette occasion pour rappeler que le paludisme touche 500 millions de personnes dans le monde et que l’Algérie, «pays foyer de cette maladie dans les années 60 avec 100 000 cas autochtones par an, enregistre maintenant entre 300 à 400 cas importés par an».
En clair, la maladie a fini par être définitivement éradiquée, et les quelques cas signalés proviennent des flux migratoires venant notamment des pays du Sahel et de l’Afrique noire.
Or, ce constat, pour le moins rassurant, a fini par s’inverser aux dires de ce même responsable puisque il est fait état d’ «une augmentation durant les deux dernières années autour d’une moyenne de 600 cas importés par an, suite aux événements que connaît l’Afrique subsaharienne». Quoique minimisé, le péril n’en est donc pas moins là…