Lu sur Financier
Différents analystes s’attellent à expliquer que l’Algérie pourrait tirer profit de la crise ukrainienne pour pallier à une éventuelle baisse (ou interruption) des approvisionnements européens en gaz provenant de Russie via l’Ukraine.
D’autres voix s’élèvent pour dire que les exportations ne dépasseront pas la moyenne de 150 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) par an enregistrée durant la période 2004-2008, et ce jusqu’à, au moins, 2030. D’abord, il y a lieu de noter que Sonatrach et Gazprom sont des alliés stratégiques bien que concurrents dans un marché peu segmenté.
Après avoir perdu 5 point sur le marché mondial, le groupe national des hydrocarbures devrait, a priori, profiter de toute éventuelle perturbation en Europe pour s’y repositionner. En effet, le groupe national est descendu à 9% de parts de marchés en 2013 en Europe alors qu’il était à 15%. Le retour en grâce souhaité ne s’est pourtant pas produit durant les épisodes précédents de coupures de gaz touchants 16 nations européennes. En revanche, la courte durée de normalisation des relations Russoukrainienne a eu un impact sur les parts de marchés algériennes en Europe.
Mieux encore, les Européens expriment mieux leur souhait de diversification des approvisionnements via les gazoducs à partir de l’Algérie. Il semble donc évident que ce stress des Européens avec la Russie rende plus que nécessaire le retour à l’équilibre précédent. L’Algérie serait donc en mesure de rééquilibrer la situation et profiter de ce stress traditionnel. Mais ce que ces analyses semblent ignorer, c’est que la perte de parts de marchés de l’Algérie en Europe n’est pas due à une normalisation de l’équation Occident- Ukraine-Russie, mais ce sont plutôt nos capacités de production qui ont faibli. En effet, depuis 2008, l’offre algérienne vers l’Europe est en baisse continue. Et pourtant, cette période coïncide avec la crise géorgienne et un risque d’enlisement dans l’Ossétie.
Même scenario pratiquement dans une région où une énorme toile d’araigne se dessine avec les oléoducs russes. C’est entre autres la déplétion accélérée de Hassi R’mel, le retard du développement des nouveaux projets comme Gassi Touil, puis la perte des volumes de In Amenas, autant d’éléments qui se conjuguent, comme remarqué par El Kadi Ihsane (sur El Watan). Il s’agit de l’une des rares analyses à dire clairement que Sonatrach ne palliera pas Gazprom. En somme, cette crise ne profiterait qu’à ceux qui s’y préparent. De plus, les conflits gaziers russo-ukrainiens portaient habituellement sur le prix et la distribution du gaz naturel en provenance de la Russie et transitant par l’Ukraine.
À cause de l’incidence élevée que ces conflits ont sur les populations de différents pays appartenant à l’Union européenne, ils ont une portée géopolitique considérable. C’est dans cette dimension seulement que la situation de la presqu’ile de Crimée pourrait engendrer des perturbations si les Américains venaient à concrétiser leurs menaces.
ORIGINES
Les parts algériennes sont restées stables même durant le premier conflit qui a débuté en mars 2005 pour culminer le 1er janvier 2006. Gazprom avait refusé à l’époque d’alimenter les gazoducs ukrainiens à la suite d’un désaccord sur le prix de transit par les gazoducs ukrainiens. Le conflit s’est résorbé le 4 janvier 2006 à la suite d’une entente préliminaire entre la Russie et l’Ukraine.
L’Algérie a été donc prise en compte par Bruxelles qui souhaite éviter le scénario de millions de citoyens sans chauffage. Un autre conflit a débuté en octobre 2007 à propos de dettes relatives au gaz et a atteint son point culminant en mars 2008. Dans les derniers mois de 2008, les relations entre Gazprom et Naftogaz sont redevenues tendues à la suite d’un différend sur le montant de la dette à rembourser par Naftogaz. En janvier 2009, Gazprom et Naftogaz sont en litige pour différentes raisons : prix du gaz naturel, volume de gaz à faire transiter par l’Ukraine et remboursement de la dette de Naftogaz.
Le 16 janvier 2009, conséquence du conflit, 18 nations européennes rapportent qu’elles subissent une baisse importante ou une coupure de fourniture de gaz naturel en provenance de la Russie qui transite par l’Ukraine. Mais à la fin 2013, alors qu’un accord d’association doit être signé entre l’UE et l’Ukraine, la Russie essaie de faire pression sur Kiev pour le faire changer d’avis, notamment en restreignant certains produits, en revoyant les prix du gaz et en envisageant d’imposer aux citoyens ukrainiens un passeport étranger. Moscou craint en effet que cette union se fasse à son désintérêt, alors que Vladimir Poutine ambitionne en même temps un rapprochement avec les pays anciennement soviétiques. De l’avis de l’analyste politique Vladimir Fessenko cité sur wikipédia : «en mettant ainsi la pression, la Russie ne fait que pousser l’Ukraine dans les bras de l’Europe ».
Lire la suite sur Financier