Après la directive de Ouyahia envoyée aux différents ministères afin de ne plus employer les retraités et en exigeant des fonctionnaires, dont l’âge atteint les 60 années, de partir en retraite, Sellal revient à la charge, provoquant une panique et mettant dans l’embarras de nombreux responsables d’institutions et d’entreprises publiques, y compris ceux qui relèvent de son ancien département ministériel.
“En ma qualité de président du CPE, je vous ordonne de mettre fin immédiatement à tout recrutement assimilable à un recrutement de complaisance.” Dans une circulaire adressée aux présidents des directoires des Société de gestion des participations (SGP) et aux P-DG des entreprises publiques économiques (EPE) n°93/PM datée du 4 avril 2013, le Premier ministre, Abelmalek Sellal, somme ces derniers de ne plus recruter des cadres retraités pour assurer la gestion des entreprises.
Si la directive de son prédécesseur n’a pas été suivie d’effets, pour de nombreuses raisons liées à la complexité de l’environnement économique et social d’alors, pourquoi la sienne le serait-elle ?
D’autant, qu’à l’évidence, l’exemple n’est jamais venu “d’en haut”. Manque de crédibilité, sentiments d’injustice, frustration, hogra… c’est l’appréciation générale recueillie à partir de plusieurs témoignages de cadres préférant garder l’anonymat.
Alors, quelle lecture doit-on en faire ? Dans la genèse de l’État algérien moderne post-indépendance, né dans le sillage de la lutte de Libération nationale, la formation et la construction d’une élite, dont la mission était de gérer le pays, constituait une priorité majeure.
Ce qu’elle a fait remarquablement. L’histoire en témoigne à travers le foisonnement de nombreux exemples. Il s’agissait de la construction de l’État-Nation selon les fondamentaux de la déclaration de Novembre 1954.
La perte progressive de notre souveraineté nationale, avec l’émergence, dans les années 80, des forces néolibérales, incarnées à travers Abdelhamid Ibrahimi — préparant le lit à l’économie de bazar et à l’émergence de l’intégrisme religieux ; il fallait absolument se “débarrasser” des jeunes cadres quadragénaires, imbibés du patriotisme économique et social et du combat libérateur de leur peuple.
Ce fut le fameux décret instituant le FSR (Fonds spécial de retraite) qui permettait aux cadres supérieurs de l’État de partir en retraite après dix ans de décret et vingt ans de travail. L’objectif de vider les institutions de la République de sa sève intellectuelle était acté. Premier pas vers la fragilisation de l’État et de ses institutions.
Entretemps, tout le monde sait ce qu’il est advenu des institutions et des entreprises publiques. Des réformes improvisées sous la pression des événements internationaux et nationaux, notamment la réduction drastique de nos ressources en hydrocarbures, nous avaient rendus otage des “fourches caudines du FMI”.
Des centaines de milliers de travailleurs mis au chômage, destruction de la base industrielle… L’échec patent de ce “balbutiement de libéralisation politique et économique”, s’est traduit par le drame de la “décennie noire”. Avec l’avènement du pouvoir actuel, la situation empire.
Les néolibéraux et leur base arrière qatarie notamment, tentent de faire “main basse” sur ce qui reste de notre économie. Jamais la corruption touchant tous les segments de l’activité nationale, le népotisme, le régionalisme, la rapine, les passe- droits en tous genres, n’ont autant gangréné la société. Acte deux, “Bien achever les chevaux”.
Ceux qui ont “blanchi sous le harnais” de l’édification nationale, doivent mettre, sans délai, leur expérience, leur savoir-faire aux oubliettes de la “République”. Il est vrai que l’argumentaire se fonde sur des dépassements (tolérés par cette même République). Mais alors, il s’agit bien d’un système permissif.