Lu sur Liberté
L’étude, menée dans 17 pays, basée sur les témoignages des malades et de leurs proches, situe l’Algérie au bas du classement. L’éducation thérapeutique des patients atteints de diabète manque cruellement en Algérie. Telle est la conclusion qui ressort d’une enquête maghrébine menée sur le diabète du sujet jeune.
Cette étude, qui traite principalement de l’aspect de la qualité de prise en charge des diabétiques, a été présentée, avant-hier, par le professeur Arbouche, à l’occasion du 15e congrès de la Société algérienne de diabétologie qui se déroule à Alger, et ce, durant trois jours. L’objet de la présente étude a été d’ailleurs retenu comme thème principal de cette manifestation diabétique.
Le choix de se pencher sur cette frange de la population s’est imposé comme un sujet d’actualité brûlant au vu de l’importance démographique de cette catégorie dans la société.
Au-delà des constats dressés par l’oratrice, les participants ont insisté, lors de leurs interventions, sur la nécessité d’accorder plus d’intérêt à l’aspect psychosocial du malade jeune. Puisque cette frange est déjà, en situation normale, psychologiquement assez faible, alors, que dire de ceux atteints de cette maladie pernicieuse ? Comment le malade va-t-il gérer les autres problèmes de santé qui surviendraient après quelques années de vie avec le diabète ? Un sujet jeune risque au bout de dix années de diabète des complications de la rétine et du rein.
Deux organes aussi précieux qu’importants dans le fonctionnement normal d’une vie. Rien qu’avec le diabète, le sujet jeune fait face à des situations de dépression.
Dans la prise en charge du diabétique, il n’y a pas que l’équilibre glycémique à atteindre comme objectif de traitement et de suivi médical; il est temps de se pencher sérieusement, et d’une manière urgente, sur les aspects psychologiques et sociaux du malade.
Cette problématique n’est pas uniquement, dit-on, du ressort du médecin traitant.
D’autres acteurs ont également un rôle à jouer à ce titre : la famille et la société. L’autre étude sur laquelle se sont focalisés les débats lors de ce congrès est celle exposée par le Pr Malek Rachid, chef de service de médecine interne au CHU de Sétif.
Il est question, en fait, des résultats de l’étude Dawn2 (Fédération internationale du diabète) sous l’égide du ministère de la Santé, qui s’est penchée sur les aspects psychosociaux de la vie avec le diabète en Algérie.
Elle a fait apparaître un niveau très élevé de détresse lié à la condition tant des personnes atteintes de diabète que de leur famille. Une personne atteinte de diabète sur quatre est victime de discrimination sociale en Algérie.
Ce constat est aussi confirmé par les proches. Ce qui place l’Algérie parmi les pires pays en termes de discrimination sur les 17 pays concernés par l’étude Dawn2. Cette discrimination influerait, sans aucun doute, négativement sur l’autocontrôle et l’autosurveillance de la glycémie que devrait assurer le patient lui-même.
Aux yeux de la majorité des participants interrogés dans le cadre de cette étude, le diabète est un fardeau. Les participants n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère pour conclure que la prise en charge psychologique est une chose chimérique en Algérie, malgré la disponibilité de psychologues sur le marché du travail, ces derniers n’ont pas suffisamment d’expérience dans ce domaine précisément.
Il est temps, disent-ils, de procéder au lancement des formations appropriées dans ce domaine, tout en inspirant et partageant des expériences des autres pays qui ont enregistré des résultats probants dans ce domaine. Des sondages menés sur le terrain concluent, sans appel, que les patients expriment un besoin urgent en la matière.
Les 2/3 des diabétiques interrogés estiment que leurs médecins ne s’intéressent pas à l’impact de la maladie sur leur vie quotidienne.
Une prise en charge spécifique de cette maladie aux conséquences néfastes s’impose et ne doit pas se limiter uniquement à la quête de l’équilibre glycémique.