Lu sur L’Expression
La mouvance islamiste algérienne a perdu la boussole. Elle navigue à vue face à une échéance présidentielle capitale. C’est une véritable galère.
A quelques mois de l’élection présidentielle, une échéance capitale pour le pays, les islamistes algériens ont du mal à trouver leurs marques. Timides, fades, leurs manifestations sur le terrain ne drainent plus les foules qui faisaient trembler les démocrates et les dirigeants du pays.
Cette disparition des radars est-elle une attitude voulue? Un manque de visibilité de la scène politique qui les confine à la prudence? Ou alors c’est la guerre du leadership ?
En tout cas, ils ne savent plus quelle attitude adopter face aux échéances capitales comme la révision de la Constitution et l’élection présidentielle. Divisée, dispersée, cette mouvance essentiellement composée par le MSP, le PLJ de Djaballah, Ennahdha et El Islah, a du mal à trouver une place dans l’échiquier politique.
Elle se contente d’un strapontin de l’opposition. Toutes les démarches entamées par le leader du MSP, Abderezzak Makri pour dégager une feuille de route pour la présidentielle ont jusque-là échoué.
Le «front» aussi large que possible, basé autour d’un candidat de consensus ou d’entente dont rêve M.Makri n’arrive pas à se concrétiser. Les islamistes algériens «creusent» une autre piste: il s’agit de trouver le moyen de mobiliser tout l’électorat islamiste de tous bords pour la prochaine présidentielle.
Le projet en question se projette sur une alliance islamiste au sens très large du terme autour d’une personnalité islamiste ou conservatrice, mais qui exige uniquement le soutien de la mouvance et de son électorat traditionnel.
C’est dans cette perspective qu’aurait été approché l’ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche et le nom de Ali Benflis a été évoqué. Mais sans résultats probants. L’idée a été mort-née. Il y a aussi l’idée d’un retour à l’entrisme.
Mais la question est dépassée puisque le pouvoir a déjà trouvé les remplaçants dans le TAJ qui possède un groupe parlementaire sans même participer à aucune élection. En fait, ce parti a récupéré les morceaux issus de l’éclatement de l’Alliance verte avec laquelle les islamistes ont participé aux législatives.
En réalité, la tentative d’unification a été très sérieusement évoquée lors des élections législatives de mai 2012. L’opportunité était inespérée au moment où le printemps arabe ne fleurissait qu’en vert.
C’était la mode des gouvernements islamistes dans le Monde arabe qui s’est même offert une présidence en Egypte avec l’élection de Mohamed Morsi comme chef de l’Etat.
Peine perdue. Non seulement les islamistes n’ont pas réussi leur entreprise de réunification, mais ils ont subi un cuisant échec électoral. L’urne a opposé un niet catégorique à cette mouvance qui fait toujours peur aux Algériens. Surtout que la conjoncture régionale a vite tourné en leur défaveur avec ce qui s’est passé en Egypte où Morsi a été démis de ses fonction par l’armée pour graves dérives dans la gestion des affaires du pays. «Acceptés», voire même encouragés dans certains cas par les puissances occidentales qui y ont vu l’alternative aux pouvoirs dictatoriaux, les islamistes ne font plus recette.
L’Algérie a été leur défaite. Très largement battus par la mouvance dite nationaliste et patriotique, les islamistes ont doublement fait les frais, d’abord de leurs égarements idéologiques en instrumentalisant la religion a des fins politiques qui a abouti à l’action armée durant les années 1990, et de leur louvoiement avec le pouvoir quand le MSP de Mahfoud Nahnah a rejoint le gouvernement en 1995.
Assommés par l’urne, les islamistes ne se sont pas encore relevés de leur échec aux élections législatives de mai 2012. La mouvance islamiste algérienne a perdu la boussole. Elle navigue à vue face à une échéance présidentielle capitale. C’est une véritable galère.