Aucune démarche politique, quels que soient ses fondements ou ses initiateurs, ne réussit à fédérer, autour de ses objectifs, les Algériens aux quatre coins du pays, et à l’étranger comme le fait un match de foot gagné par l’équipe nationale. Rien ni personne ne suscite autant leur enthousiasme, à telle enseigne qu’ils croient à un exploit contre l’Allemagne dans une confrontation qui ressemble pourtant au combat du roi David contre Goliath.
Depuis le match de qualification pour la CAN et le Mondial de 2010, joué, à l’aller, contre l’Égypte et gagné par l’Algérie par trois buts à un, aucun politique, qu’il incarne le pouvoir, lui est acquis ou est dans l’opposition, n’est parvenu à faire sortir des centaines de milliers d’Algériens dans la rue, comme le fait un match de foot. L’issue de cette rencontre, que l’équipe nationale a entamé défavorisée par les pronostics, a donné naissance à un phénomène, invraisemblable jusqu’alors dans notre société. Sans remonter loin dans le temps, rappelons que les soubresauts du Printemps arabe, qui ont bouleversé l’ordre politique et sécuritaire de plusieurs pays arabes, n’ont pas eu d’effet sur les Algériens. Ils ont continué à vivre pour un quotidien ordinaire, des salaires plus élevés, des logements, des vacances à l’étranger… sans se préoccuper d’un changement de régime ou du renforcement des principes démocratiques.
L’élection présidentielle du 17 avril dernier a illustré, davantage, l’indifférence des citoyens pour le politique, d’où qu’il émane et de quelque nature qu’il soit. L’opposition au quatrième mandat, motivée par des arguments solides dont la maladie du président et portée par des personnalités influentes n’a pas entraîné un impressionnant mouvement de foule, qui aurait certainement changé le cours du scrutin. De l’autre côté, les partisans de la candidature du président Bouteflika, malgré l’exploitation de gros moyens de l’État, n’ont pas attiré les masses populaires qui auraient légitimé la reconduction d’un homme âgé et malade à la tête de la magistrature suprême.
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