C’est une véritable bombe à retardement qui risque d’éclater dans peu de temps, si les autorités locales et tutelle ne se pressent pas pour la désamorcer, avant qu’il ne soit trop tard. En effet et selon de l’avis de plusieurs intervenants officiels dans la gestion du secteur de l’habitat, de différents niveaux de responsabilité, la gestion du programme LPA à Oran, risque de connaître un sort, encore plus sombre que celui du LSP dont seulement 25% ont abouti, sur une durée de plus de 10 ans.
Comment ne pas s’alarmer, alors que le cahier des charges régissant l’établissement des listes des bénéficiaires est transgressé depuis déjà plus d’une année et demie sur plus d’un plan.
En effet, le cahier des charges régissant la gestion de cette formule de logements présentée aux promoteurs en fin 2011, stipule clairement que l’établissement des listes des bénéficiaires sont communiquées par la DLEP aux promoteurs immobiliers, qu’ils soient publics ou privés dans un délai de 03 mois après le démarrage des travaux.
Et lorsque ces délais ne sont pas respectés ou lorsque l’administration n’est pas en mesure de fournir tout ou une partie de la liste des bénéficiaires, le promoteur immobilier est habilité à procéder aux choix des acquéreurs remplissant les conditions d’éligibilité et à lui de les faire valider. Malheureusement rien de tout ça n’a été respecté!!
Pire encore, le taux de réalisation de la première tranche du programme LPA consacré à la wilaya d’Oran, comptant 6.500 unités et qui devait être réceptionnée en août 2012, selon les délais imposés par l’ex wali aux promoteurs, oscille entre 15 et 50% dans les meilleurs des cas, exception faite du programme de l’agence foncière d’Oued Tlélat qui a atteint les 70%.
Mais le plus grave dans cette situation réside dans le grand retard, les anomalies et le dysfonctionnement accusant les modalités de l’établissement des listes.
CAHIER DES CHARGES PIÉTINÉ DEPUIS PLUS D’UNE ANNÉE !
En effet et conformément aux dispositions des cahiers des charges, les listes devraient être établies et officialisées depuis au moins une année, soit 03 mois après le lancement des travaux. Malheureusement et jusqu’à aujourd’hui, aucune liste n’a été ficelée.
Mais le hic dans cette situation stressante et ambiguë, à la fois pour les milliers d’habitants de la wilaya d’Oran, a trait aux décisions impulsives et irréfléchies auxquelles a eu recours l’administration tutelle, lésant ainsi plusieurs centaines de postulants dans leurs droits le plus absolu.
En effet, à l’annonce du lancement effectif de la formule LPA à Oran comme dans les autres wilayas, les citoyens intéressés étaient appelés par les autorités locales à adresser leurs demandes aux sièges des directions des promoteurs publics, associés à la réalisation de ce programme, via des lettres recommandées et l’accusé de réception devait servir de pièce administrative, permettant au postulant de faire valoir son droit et veiller au suivi de sa demande.
LES POSTULANTS AYANT ADRESSÉ LEURS DEMANDES PAR LETTRES RECOMMANDÉES CONFORMÉMENT AU CAHIER DES CHARGES, ÉCARTÉS DES LISTES ET CRIENT À L’INJUSTICE ET AU SCANDALE
C’est ainsi que des centaines de citoyens détiennent des accusés de réception de leurs demandes adressées à l’agence foncière, l’OPGI et même l’AADL dans un premier temps, cette dernière s’étant désistée de son programme depuis le retour de la formule location vente.
Au grand dam des milliers de postulants ayant cru un moment qu’ils étaient prioritaires dans le droit d’accès aux premiers logements LPA qui seront livrés- étant donné qu’ils étaient les premiers à envoyer leurs demandes- se sont vu carrément écarter du programme et ce, depuis qu’a été prise la décision d’octroyer l’établissement des listes aux services de la daïra.
CELUI QUI A PROPOSÉ L’ATTRIBUTION DE L’ÉTABLISSEMENT DES LISTES AUX DAÏRAS NE VISAIT QU’UNE SEULE CHOSE… FAIRE EXPLOSER LA RUE…
Ce qui est encore plus dramatique dans cette situation des plus insensées, vient du fait que les listes élaborées par les promoteurs publics (l’agence foncière et l’OPGI) sur la base des demandes reçues par voie postale, n’ont pas été reconnues par les chefs de daïras, ces derniers ayant préféré établir de nouvelles listes, «leurs propres listes» pour reprendre l’expression d’un responsable intervenant directement dans la gestion de ce dossier.
Ce qui a davantage compliqué la situation, c’est que les promoteurs publics ne siègent même pas dans la commission de daïra de l’établissement des listes LPA, ce qui aurait pu leur permettre de défendre leurs listes, alors que la réalisation des travaux est financée avec leurs propres. Selon l’avis d’un expert, celui ayant proposé l’attribution de l’établissement des listes aux daïras ne visait qu’une seule chose… faire exploser la rue….
«Comment charger la daïra d’une telle tâche -cette administration déjà largement dépassée par la gestion de la distribution des logements sociaux, vieux bâti, pré affectations et le RHP…
Tous des dossiers dont le moindre glissement ou erreur est susceptible de mettre la rue à feu et à sang…», dira un haut cadre de l’administration centrale avant d’ajouter: «Le pire dans tout ça est que les daïras n’ont pas de paramètres d’études des dossiers de postulants!!! Sur quelle base donc la commission des listes vat- elle donner priorité à tel ou tel dossier?
Au moins, la procédure des demandes adressées via la poste et par lettre recommandée, accordait le critère de l’ancienneté de la demande, bien sûr avec l’éligibilité de chaque postulant, comme cela a été le cas avec les programmes de location-vente dont le traitement des dossiers des souscripteurs se faisait sur la base de la date et l’année du dépôt de son dossier.»
A en croire plusieurs sources, la démarche de la tutelle qui a décidé de confier la gestion des listes a encore alimenté la corruption et les passe-droits, vu que certains fonctionnaires des administrations où sont déposées les demandes, à savoir les APC et les daïras n’hésitent pas à «vendre» le dépôt et le bon classement d’un dossier à des sommes allant jusqu’à 50.000 Da.
«Que faire devant un telle dilemme», s’interrogent de nombreux cadres et «comment faire valoir mon droit», se questionnent des centaines de citoyens écartés des listes pour l’unique raison, celle d’avoir respecté la procédure annoncée officiellement par la tutelle.
Est-il donc trop tard pour désamorcer cette bombe à retardement? Et jusqu’à quand le sort du citoyen demeurera-t-il tributaire du changement des ministres, des walis ou d’un simple chef de service?