Les élections municipales françaises ont vu dimanche une très forte poussée du Front national : d’une soixantaine de conseillers municipaux en 2008 à plus de mille aujourd’hui. Le parti d’extrême-droite prend une nouvelle dimension, et séduit même chez les Français issus de l’immigration. Explications de l’un d’entre eux, d’origine algérienne, musulman et « patriote » français.
Yacine Zerkoun est-il un ovni dans le paysage politique français ? Un opportuniste ? Ou représente-t-il la nouvelle tendance d’un parti, le Front national, qui joue la carte de la « normalisation » tout en continuant de défendre les « valeurs françaises » par la lutte contre l’immigration massive, son principal cheval de bataille ? D’origine algérienne, ce jeune homme de 26 ans a fait ses études d’anglais en France, à l’université Paris VII. Il adhère au Front national récemment, en 2013, après avoir commencé à s’intéresser à Marine Le Pen un an plus tôt, lors de l’élection présidentielle remportée par François Hollande.
Blogueur littéraire, secrétaire général du Collectif Marianne, on le retrouve du côté des opposants au mariage pour tous, alors qu’il tente de mobiliser ses coreligionnaires musulmans. Enfin, le 23 mars dernier, ce « patriote », qui refuse d’être qualifié de membre de l’extrême-droite, se présente aux élections municipales, à Gonesse, en région parisienne. Il n’y sera pas élu, n’occupant que la neuvième position sur la liste Rassemblement Bleu Marine (RBM) que mène Karim Ouchikh, lui aussi d’origine algérienne et conseiller de Marine Le Pen pour la culture, la francophonie et la liberté d’expression. Le RBM, en revanche, gagne trois sièges de conseillers municipaux à Gonesse et le FN aurait remporté au soir du second tour, le 30 mars, 14 à 15 fauteuils de maire sur l’ensemble du territoire, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Pourquoi une adhésion au Front national ? Comment Yacine Zerkoun perçoit-il les idées défendues par son parti au sujet de l’immigration ? Quelle vision a-t-il de l’électorat « traditionnel » du Front ? Interview.
Jeune Afrique : Quand l’idée de vous engager pour le Front national vous est-elle venue ?
Yacine Zerkoun : Avant la présidentielle 2012, je n’étais pas très politisé. Ensuite, ça a été une adhésion amicale, via des connaissances dans ma ville. Je me suis intéressé aux thèmes nationaux et, petit à petit, mon engagement est devenu local, surtout quand j’ai rencontré Karim Ouchikh, tête de liste du Rassemblement Bleu Marine à Gonesse [dont le FN est la principale composante, NDLR], qui m’a proposé d’être parmi ses colistiers.
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