Lu sur Le Soir d’Algérie
La justice américaine a réclamé le dossier des contrats conclus entre la Sonatrach et la société italienne Saipem. Cette dernière a affirmé, hier, avoir remis aux autorités américaines tous les résultats de l’enquête interne menée sur les conditions dans lesquelles ont été conclus les contrats avec la Sonatrach pour un montant avoisinant les 11 milliards de dollars. Du coup, Chakib Khelil risque d’être inculpé et arrêté sur le sol américain qui lui assurait jusque-là une certaine impunité.
Notre ancien ministre de l’Energie intéresse également le département Foreign Corrupt Practices qui s’est penché depuis quelque temps sur le projet intégré de Gassi Touil, où l’on suspecte Kellogg Brown & Root (KBR, une ancienne filiale de Haliburton) d’avoir obtenu le contrat dans des conditions opaques. Ces éléments d’information confirment ainsi les rumeurs qui ont récemment circulé sur le souhait émis par Chakib Khelil de se présenter devant la justice algérienne pour répondre des accusations de corruption qui l’impliquent aussi bien avec SNC Lavalin que Saipem.
Le scénario nigérian ?
L’ouverture d’une information judiciaire au département américain et la collaboration de Saipem à cette enquête ressemble étrangement au scénario nigérian qui a abouti à l’implication par la justice américaine d’une filiale de l’ENI (Snamprogetti), de l’américaine KBR et de la française Technip dans une affaire de corruption avec des responsables à Lagos. Ces derniers leur ont attribué, en 1995, des contrats de 6 milliards de dollars pour la construction des installations de gaz naturel liquéfié au Nigeria.
Pour régler ce problème, ENI Spa a accepté en 2010 de payer la somme de 240 millions de dollars en amendes pour les faits reprochés à sa filiale Snamprogetti Netherlands BV.
Snamprogetti faisait partie d’un groupement, composé de Kellogg Brown & Root (KBR, filiale de Haliburton), et de la française Technip SA, qui a été accusée d’avoir payé plus de 180 millions de dollars en pots-de-vin à des responsables du gouvernement nigérian.
Par ailleurs, Snamprogetti Netherlands BV et ENI Spa de Paolo Scaroni ont également accepté de payer conjointement la somme de 125 millions de dollars pour régler une plainte déposée par l’organisme américain, la Securities and Exchange Commission. Ce qui a porté à 365 millions de dollars les montants payés par ENI et Snamprogetti pour éviter des poursuites de la part de la justice américaine. Pour leur part, Technip, KBR et Haliburton ont également accepté de payer un total de 917 millions de dollars pour faire tomber les poursuites américaines.
Les cadres de Snamprogetti ont été, quant à eux, poursuivis à titre personnel par le tribunal milanais. Le hic est qu’en 2006, ENI s’est débarrassée de Snamprogetti au profit de Saipem et certains de ses cadres ont été affectés en Algérie pour gérer certains chantiers de leur nouvelle société-mère.
Chakib n’est plus en sécurité
C’est cette même Securities and Exchange Commission qui s’est penchée sur le dossier de Saipem en Algérie avec, en outre, l’ouverture d’une enquête sur le projet intégré de Gassi Touil dont le transport par canalisation a été confié, en 2006, dans des conditions douteuses, à l’américaine Kellogg Brown & Root (KBR).
En somme, avec les scandales de la Sonatrach, nous retrouvons les mêmes acteurs qui ont été impliqués dans les projets du GNL au Nigeria.
Par conséquent, Chakib Khelil ne peut plus prétendre à l’immunité sur le sol américain. Son retour en Algérie pour affronter les accusations de corruption devient un salut pour l’homme qui a marqué l’histoire des hydrocarbures en Algérie.