En Algérie aussi, les LGBT ont leur journée nationale de mobilisation, qui sera célébrée le 10 octobre. Mais pour cet équivalent de la « Gay pride », oubliez les défilés tapageurs et les banderoles. Pour échapper à la pénalisation de l’homosexualité dans le pays, tout, ou presque, se passe sur le web et en toute discrétion.
Créée à l’initiative d’un groupe de militants LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) et de l’association Abu Nawas, la journée nationale des homosexuels algériens, le « TenTen », en est à sa septième édition. Chaque année, elle est célébrée le 10 octobre – d’où son nom « TenTen » (10/10) – jour anniversaire de la naissance du sultan ottoman Sélim Ier (1470-1520), qui, dans ses écrits, a fait le récit de son homosexualité. Une figure emblématique pour rappeller l’identité arabo-musulmane des LGBT algériens.
Le principe du « TenTen » est simple : les LGBT algériens et ceux qui défendent leur cause sont invités à allumer une bougie le 10 octobre à 20h00 et à poster la photo de celle-ci sur Facebook. « Cette année, la journée a pour thème le « partage » et allumer une bougie par solidarité c’est éclairer le contexte sombre dans lequel on vit », commente Jack*, membre de l’association Alouen, instigatrice de cette nouvelle édition.
Si le mouvement n’a pas de revendications particulières, c’est qu’il n’a « pas pour l’instant les ressources et les connaissances pour avancer dans ce sens, explique le militant. Notre but premier est de donner de la visibilité, dire qu’on est présents en Algérie. » L’association espère ainsi toucher les LGBT algériens isolés, afin qu’ils sachent qu’ils pourront trouver une oreille attentive auprès de l’association.
Militer en silence, mais pas en vain
Cette année encore, la mobilisation se limitera à ce simple geste. Toute manifestation publique est pour l’instant inimaginable en Algérie, où la condamnation de l’homosexualité est à la fois morale, sociale, religieuse et juridique. L’article 338 du Code pénal, qui qualifie l’homosexualité de « crime contre les bonnes mœurs », stipule ainsi : « Tout coupable d’un acte d’homosexualité est puni d’un emprisonnement de deux mois à deux ans et d’une amende de 500 à 2 000 DA (dinars algériens) ».