Revue de presse. Y a-t-il une vie après le pouvoir ?

Redaction

Ils sont ministres, parlementaires, militaires… Du jour au lendemain, ils ont perdu leur poste et les avantages liés à leur fonction. Tous ces Algériens disent leur difficulté à tourner la page. Récits.

Ce mardi 17 novembre 1987, Kamel Bouchama, alors ministre de la Jeunesse et des Sports, est en train de boucler sa valise pour s’envoler vers Lagos (Nigeria), où il doit représenter son pays lors d’un colloque international, quand il est convoqué séance tenante chez le président de la République, Chadli Bendjedid. Dans le bureau d’El-Mouradia, l’ambiance est détendue. Les deux hommes, qui se connaissent fort bien, se tutoient. À son ministre, alors âgé de 43 ans, le chef de l’État annonce tout de go : « Kamel, tu fais du bon travail, je te l’ai toujours répété. Mais je dois confier ton portefeuille à un autre. Sois patient, tu auras de nouvelles responsabilités dans quelque temps. »

De retour chez lui, le désormais ex-ministre attend. Les mois passent. Et le président, qui démissionne en janvier 1992, ne le rappellera jamais. Pas plus que les autres. Alors, Kamel Bouchama mesure le « vide qui [l]’entoure ». Il se gave de films, « compte les journées interminables », entraîne femme et enfants dans une « ambiance neurasthénique », fume beaucoup, souffre de migraines et de lumbago. Il reprend espoir en écoutant amis et initiés du sérail lui prédire son retour « imminent », se console en mariant son fils, replonge dans la déprime quand le téléphone ne sonne pas. L’attente durera quatorze ans. Jusqu’au jour où il est nommé ambassadeur en Syrie. « Je m’en souviens très bien, confie Bouchama. C’était le samedi 12 mai 2001. Une résurrection, après tant d’années de tourments et d’espérances. »

De cette expérience, qu’il qualifie de purgatoire, Kamel Bouchama tirera un livre cathartique, Mémoires de rescapé. « Je l’ai écrit pour raconter l’affliction et les souffrances de tous les cadres de mon pays, dit-il. Dès qu’ils ne sont plus dans les bonnes grâces des décideurs, ils sont jetés sans remords et sans considération. »

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