Une nouvelle page s’ouvre dans cette aventure ou dans cet autre chantier de la vie de Yasmina Khadra. Elle n’annonce pourtant guère en filigrane le début tonitruant d’un nouveau roman d’exception.
Cette fois-ci, l’auteur passe allègrement de la très subtile fiction à la très pure et bien tangible réalité des choses de notre quotidien, déclinant et déclamant une nouvelle ambition : devenir président de la République. Il n’opte cependant pas pour une quelconque étude, un intéressant essai ou un sérieux récit afin d’évacuer, d’un seul trait de main, l’imaginaire, dégager le brouillard littéraire, embrasser dans la foulée ce réalisme de la vie, conté dans les nombreux textes des écrits vivants, puissants et très percutants; il ose tout simplement et se propose tout naturellement à accéder à la candidature de la fonction suprême de la nation. Sans aucun préavis, sans jamais nous avertir au préalable de son futur projet!
Son public en est donc resté stupéfait, vraiment perplexe : ses fidèles lecteurs les premiers ! Les uns reçurent l’information avec parcimonie comme un coup de froid dans le dos, pensant qu’il allait définitivement les abandonner, les autres sentirent comme un vent très frais les envelopper ! Et c’est donc tout un monde confus et contrit qui partit aussitôt ou bien soudainement dans des réflexions stériles ou farfelues bien favorables à des scénarii de grand charivari, assez complexes dans l’ensemble à élucider. Mohammed Moulessehoul, allias Yasmina Khadra, venait donc d’abandonner son univers préféré de la fiction, y plongeant, par conséquent, sans sommation, sans rémission, pour l’occasion, ses nombreux lecteurs et tous les autres observateurs de la scène politique algérienne.
Il aura, au cours d’une conférence de presse, tenue à l’invitation du quotidien Liberté, pourtant réservée à la seule littérature et son espace de mouvance, permit à tout son monde de tracer spectaculairement les véritables contours à cette ambition qui lui était jusqu’à présent inconnue, afin de lui planter le décor et les principaux leviers de sa prochaine réalisation. Yasmina Khadra, candidat à la prochaine présidentielle d’avril 2014 ? Mais qui l’eut cru ? Juste un instant ? Qui parmi les Algériens pouvait donc au moins réfléchir à cette question ? Sans doute personne. Pas même, en tout cas, ces nombreux apprentis-faiseurs de rois, sachant tous pertinemment que ce libre rossignol de tous les buissons et nombreux horizons ne pouvait -pour tout l’or du monde- accepter d’être si facilement ou résolument apprivoisé pour finalement s’isoler complètement de son univers naturel.
La surprise était vraiment de taille ! L’annonce faite à la sauvette l’étant davantage ! Et tous les artistes algériens de l’art cursif n’en revenaient pas : les uns planqués encore à imaginer ce vent de panique générale qui souffle sur la corporation ; les autres, restés médusés devant une telle furtive et très surprenante nouvelle, venaient tous à laisser tomber à terre leur plume ! Par désappointement justement ! Le jeu trouble les hantait à jamais ! L’horizon convoité les effrayait !
Ils sont d’ailleurs tous là à vraiment se demander les véritables raisons du comment ou du pourquoi de cette mystérieuse ou très surprenante annonce ainsi qu’au sujet de son astucieux et très subtil timing, jugé forcément comme étant l’élément le plus déterminant dans la difficile équation qu’il se propose de résoudre, avant d’en découdre avec ses nombreux concurrents et leur ravir forcément au sprint final la vedette dans l’optique de conquérir le trône convoité.
