L’ex-ministre de la Prospective, Abdelhamid Temmar, serait, lui aussi, dans le collimateur des enquêteurs des services de sécurité qui enquêtent sur son patrimoine.
Selon l’enquête dont il fait l’objet, l’ex-ministre aurait ouvert trois comptes bancaires en Suisse durant son mandat au ministère de l’Industrie et de la Promotion des investissements et de la Prospective.
Les premiers résultats de cette enquête devraient préciser néanmoins si ces trois comptes ont été ouverts avant sa venue en Algérie dans le sillage de la désignation de Bouteflika à la tête de l’Etat en 1999 ou après. Comme elle devrait déterminer les montants exacts des transferts d’argent opérés à partir d’Alger.
Tout comme Chakib Khelil, Abdelhamid Temmar n’a pas été reconduit dans l’actuel gouvernement et lui aussi a été poussé vers la porte de sortie.
Aujourd’hui, il est à la tête d’un cabinet d’expertise et de conseil après avoir « siphonné» un énorme volume de données et de statistiques.
Il aurait amassé une énorme documentation sur les grandes entreprises publiques ainsi que sur les secteurs stratégiques lorsqu’il était à la tête de ce ministère dans le but de faire bénéficier le pays d’une « feuille de route» reposant sur des données fiables et sûres.
Abdelhamid Temmar a auditionné l’ensemble des patrons d’entreprises publiques dont certains voyaient d’un mauvais oeil cette pratique ? Certains ont même piqué une colère lorsqu’il les avait convoqués à son bureau et ils l’ont fait savoir en coulisses. « Ce n’est pas notre ministère de tutelle pour qu’il nous traite ainsi.
On n’est pas à son service. Nous avons nos propres responsables à qui nous rendons des comptes» , disaient-ils furieux. Malheureusement, après son départ du ministère, toutes ces données et les statistiques ont disparu.
D’ailleurs, le ministre actuel chargé des Statistiques, Mesaïtfa, rencontre des difficultés à réunir ces données. En 2007, Temmar s’était déjà fait remarquer par une initiative qui a fait couler beaucoup d’encre et avait failli mettre le feu aux poudres… Il a en effet désigné un bureau d’études étranger à l’effet d’auditer les fonctionnaires du ministère des Participations et de la Promotion des investissements (MPPI).
Cette initiative avait fait une première victime puisque le secrétaire général de l’époque, Driss Tandjaoui, et deux directeurs d’études du département ministériel avaient déposé leur démission.
Nombre de fonctionnaires du ministère estiment que les raisons qui auraient motivé la démission du secrétaire général et de deux directeurs d’études ont trait à « la propension de ce ministre à ne travailler exclusivement qu’avec des étrangers».
« Sa dernière trouvaille» aura été de faire évaluer, ainsi, par un cabinet d’audit étranger spécialisé dans les ressources humaines, tous les cadres du MPPI qui sont, notons-le, des fonctionnaires de l’Etat algérien.
C’est pourquoi, beaucoup d’entre eux refusent de se soumettre aujourd’hui à ces « tests» qui, selon eux, « battent en brèche la souveraineté nationale chèrement acquise» . Temmar a été limogé du gouvernement le 3 septembre 2012 et son ministère transformé… en secrétariat d’État. Depuis, il a opté pour une discrétion à toute épreuve, refusant de s’exprimer.
Retraité du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et de la Fonction publique, il coule aujourd’hui des jours tranquilles entre Alger et Tlemcen. Avec Chakib Khelil, Hamid Temmar et Yazid Zerhouni constituaient le coeur du dispositif mis en place par Bouteflika à son retour aux affaires.
Lu sur Le Jeune Indépendant