TORONTO (Reuters) – La police canadienne a annoncé lundi l’arrestation et l’inculpation de deux hommes soupçonnées de préparer un attentat contre un train de voyageurs avec le soutien de membres d’Al Qaïda établis en Iran.
« Si ce complot avait été mené à bien, il aurait causé la mort d’innocents et fait des blessés graves », a déclaré James Malizia au nom de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), lors d’une conférence de presse.
Les suspects, Chiheb Esseghaier, 30 ans, et Raed Jaser, 35, vivaient respectivement à Montréal et à Toronto, précise la GRC, selon laquelle le complot dont ils sont soupçonnés est sans rapport avec le double attentat commis il y a une semaine à Boston.
Aucun des deux n’est Canadien, mais les autorités n’ont pas dévoilé leur nationalité. Selon deux sources proches de l’enquête, l’un est Tunisien.
A Washington, on indique de source proche des services de renseignement que les deux hommes visaient la ligne Toronto-New York. La GRC ne le précise pas, mais évoque un projet visant un train de VIA Rail Canada dans l’agglomération de Toronto.
Selon son porte-parole Paul Browne, interrogé par Reuters, la police de New York a été tenue informée de l’enquête dès le début.
Chiheb Esseghaier achevait un doctorat dans le domaine de l’énergie et des matériaux à l’Institut national de la recherche scientifique, près de Montréal, a-t-on appris auprès de l’établissement, où il a été admis en 2010.
Les deux hommes, qui seront présentés à un juge mardi matin à Toronto, avaient l’intention et les moyens de commettre un attentat, mais il n’y avait pas de risque imminent pour le public, les passagers ou les infrastructures, a poursuivi James Malizia.
« Les individus recevaient un soutien d’éléments d’Al Qaïda établis en Iran », mais rien n’indique que le projet était soutenu par un Etat, a-t-il ajouté.
« UNE MENACE RÉELLE »
Selon l’inspecteur Doug Best, c’est un avertissement émanant de la communauté musulmane canadienne qui a permis de faire avancer l’enquête. La date des interpellations a été choisie pour des raisons « logistiques », a-t-il précisé.
« Les arrestations démontrent que le terrorisme reste une menace réelle au Canada », a souligné Vic Toews, ministre de la Sécurité publique, s’adressant à la presse à Ottawa.
« Le Canada ne tolérera aucune activité terroriste et ne sera pas le repaire de terroristes ou de ceux qui soutiennent des activités terroristes », a-t-il ajouté.
Le liens avec une organisation se réclamant d’Al Qaïda en Iran étonnent les experts. Plusieurs cadres du mouvement islamiste y ont été placés en résidence surveillée après les attentats du 11 septembre 2001, mais aucun projet d’attentat en Occident n’y a été signalé.
De source proche du gouvernement américain, on signale toutefois l’existence d’un réseaux d’intermédiaires de l’organisation à Zahedan, ville proche des frontières afghane et pakistanaise. Hostiles aux activistes sunnites d’Al Qaïda, les autorités iraniennes procèdent de temps à autres à des coups de filets dans leurs rangs, mais ferment parfois les yeux sur les activités.
Le complot dévoilé lundi est le premier du genre imputé à Al Qaïda sur le territoire canadien.
En 2006, les forces canadiennes avaient arrêté une vingtaine de personnes vivant dans l’agglomération de Toronto et soupçonnés d’avoir voulu poser des bombes.
Plus récemment, la police a confirmé que deux Canadiens avaient participé en janvier dernier à la sanglante prise d’otage du site gazier de Tinguentourine, près d’In Amenas, en Algérie.
avec Mark Hosenball, Louise Egan, David Ljunggren et Alastair Sharp; Pascal Liétout, Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français
Lu sur: lepoint.fr