Décidément, les frontières algéro-maliennes ne constituent pas uniquement un casse-tête du point de vue sécuritaire, puisque au-delà de la lutte contre les groupes terroristes affiliés à Aqmi, au trafic de drogue, à la contrebande et au grand banditisme, ces deux pays frontaliers pourraient bien entrer en conflit stratégique, appelé «le pétrole des frontières».
Le conseiller technique au ministère malien des Mines, chargé du pétrole, est allé plus loin en indiquant qu’»en cas de découverte de pétrole au Mali, un pays situé au sud de la République d’Algérie, ce pays voisin pourrait exploiter le pétrole malien». Cette crainte du côté de Bamako est en train de s’amplifier surtout après le retour au calme, au lendemain du déclenchement d’une guerre express contre les groupes terroristes au Nord-Mali.
Cette peur, qui pourrait envenimer les relations entre Alger et Bamako, fait aussi suite à l’élection présidentielle qui a vu l’arrivée au pouvoir du nouveau président malien Ibrahima Boubacar Keita, car c’est avec le retour petit à petit des institutions au Mali que les Maliens voient grand. « Le Mali ne dispose que de cinq bassins sédimentaires. Notre pays réunit toutes les conditions pour que le Mali exploite un jour le pétrole au niveau de ses frontières, mais tel n’est pas le cas pour le moment. Toutefois, l’Algérie pourrait nous dépasser et avoir notre pétrole», a précisé Konaté.
En plus d’Ousmane Konaté, d’autres experts et hommes politiques maliens n’ont pas caché leurs craintes concernant le pétrole malien situé à la frontière avec l’Algérie. Selon leurs propos, les gisements pétroliers se trouvent sous de grands rochers donc pour les exploiter, il faudra d’énormes moyens et seules les compagnies étrangères possèdent les moyens nécessaires pour ce genre d’exploitations. Pour le Mali, il est impossible d’arriver à investir dans ces gisements, malgré le rêve que caressent les Français de les exploiter.
M l’Algérie refuse une telle action, car il s’agit d’une stratégie politique et sécuritaire. Pour arriver à exploiter ces gisements de pétrole, il faut tout d’abord que les deux pays, l’Algérie et le Mali, négocient l’exploitation de cette grande partie des frontières. C’est une stratégie et personne ne peut, pour le moment, «violer» le pétrole des frontières. Néanmoins, les Maliens ne cachent pas leurs appréhensions et considèrent que l’avenir de cette question stratégique est incertain, car ils savent très bien que les autorités algériennes ne pourront en aucun cas accepter l’exploitation du pétrole aux frontières par des compagnies étrangères. L’usage de la force dans ce conflit potentiel n’est pas à écarter également, a expliqué une source malienne.