L’un des militaires les plus hauts gradés qui n’avait pas abandonné le président syrien Bachar al-Assad a fait défection vers la Jordanie voisine et affirme, dans une entrevue diffusée samedi, que le moral des gens toujours membres du régime s’est effondré.
Dans ce qui représente un nouveau recul pour le régime Al-Assad, un important groupe de défense des droits de la personne a accusé le gouvernement syrien d’accroître son utilisation des bombes à sous-munitions, largement interdites, qui tuent et blessent souvent des civils.
Ces deux coups illustrent l’érosion graduelle du régime Al-Assad, ainsi que son isolement international progressif. Alors que peu d’analystes s’attendent à ce que la guerre civile entre les forces gouvernementales et les troupes rebelles voulant le renversement du président prenne fin rapidement, la plupart soutiennent qu’il semble impossible pour le régime quadragénaire de continuer à diriger la Syrie.
Le major général Mohammed Ezz al-Din Khalouf a annoncé sa défection du régime Al-Assad dans une vidéo diffusée sur la chaîne satellite d’Al-Arabiya. On peut le voir près de son fils, le capitaine Ezz al-Din Khalouf, qui s’est enfui avec lui.
Khalouf père a déclaré que plusieurs personnes soutenant le gouvernement Al-Assad ont perdu foi en lui, mais continuent d’accomplir leur travail, permettant au président de démontrer qu’il bénéficie d’un solide soutien. Il a également déclaré que des combattants du groupe militant libanais Hezbollah combattaient en Syrie «à plus d’un endroit», mais n’a pas donné plus de détails.
Le gouvernement syrien n’a pas immédiatement commenté la défection. Damas présente la révolte comme une conspiration organisée à l’étranger pour affaiblir la Syrie, et exécutée par des terroristes sur le terrain.
Seif al-Hourani, un militant membre de l’un des groupes rebelles qui ont aidé le général Khalouf et sa famille à quitter le pays, a dit via Skype que le fils du général avait pris contact avec les rebelles, il y a six mois, et leur avait coulé de l’information avant de leur demander de l’aide pour faire sortir la famille de Syrie.
Cette démarche a pris environ une semaine en raison de violences dans la province de Daraa, dans le sud du pays, l’endroit le plus facile pour transporter M. Khalouf à travers la frontière, a précisé M. Al-Hourani.
Il y a six jours, des rebelles ont fait passer M. Khalouf, sa femme et trois de leurs enfants de Damas à la province de Sweida (sud). Deux jours plus tard, ceux-ci ont été transportés à Daraa. Ils ont attendu là jusqu’à vendredi, lorsque c’est devenu sécuritaire de les conduire de l’autre côté de la frontière et les remettre aux autorités jordaniennes, a précisé M. al-Hourani.
Le général Khalouf commandait la branche de l’armée qui gère les approvisionnements et le ravitaillement en carburant.
Bien que les rebelles qualifient la défection comme un coup porté au régime, ce départ ne risque pas d’avoir un effet important sur la capacité du gouvernement de poursuivre ses opérations.
De nombreuses défections parmi les conscrits et les subalternes ont sapé l’infanterie syrienne, mais les départs de hauts gradés ont été rares, et l’armée aérienne et les armes lourdes de l’État permettent au gouvernement de bombarder les régions rebelles, même s’il est incapable d’en reprendre le contrôle.
Malgré tout, des failles continuent de se répandre au sein du régime Al-Assad, alors que les forces rebelles augmentent leurs zones de contrôle et accroissent la pression sur la capitale, Damas.
Samedi, des rebelles ont ciblé le plus grand bâtiment dans la ville orientale de Deir al-Zour avec une voiture piégée chargée d’une bombe de deux tonnes, provoquant des affrontements avec les troupes du régime, ont annoncé la télévision d’État et des militants.
Selon la télévision d’État, les rebelles ont attaqué le bâtiment après l’explosion de la bombe, mais n’ont pas été en mesure de s’en emparer. Aux dires de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, quatre combattants ont été tués dans des affrontements subséquents avec des troupes du régime.
L’Observatoire a également indiqué qu’au moins 12 rebelles avaient été tués dans des combats près d’une usine de ciment dans la ville d’Alep (nord), et que cinq personnes sont mortes lorsqu’un obus a explosé dans le quartier de Qaboun, à Damas.
Samedi, toujours, le chef du principal groupe d’opposition syrien a envoyé un message d’anniversaire aux Syriens, affirmant que la révolte avait «nécessité beaucoup de temps».
L’opposition reconnaît la date du 15 mars 2011 comme le début de la révolte.