Une importante affaire de blanchiment d’argent provenant du trafic de stupéfiants et dont le montant a été estimé à 1,60 milliard de dinars vient d’être élucidée par la Sûreté de wilaya d’Ain Temouchent, a annoncé mercredi son premier responsable.
Après une enquête minutieuse de six mois, la police a présenté mardi devant la justice huit personnes sur les dix incriminés (deux étant en fuite), tous membres d’une même famille et impliqués dans ce blanchiment, a précisé le commissaire divisionnaire Madani Nâar lors d’une conférence de presse animée à la maison de la presse d’Ain Temouchent.
Cinq des mis en cause ont été placés sous contrôle judiciaire, deux ont fait l’objet de mandats d’arrêt, deux sont en instruction et un se trouve déjà en prison pour une autre affaire, a-t-il ajouté. Composée de huit hommes, âgés entre 31 et 72 ans, dont deux en fuite et condamnés par contumace chacun à 20 années de prison pour trafic de drogue, ainsi que deux femmes, âgées de 37 et 69 ans, cette bande a jeté son dévolu sur Ain Temouchent « pour blanchir ses revenus illicites ».
Avec l’argent sale de la drogue, cette bande a réussi à acquérir dix biens dont des villas, une station d’essence et un bain. Elle disposait, également, de sept autres biens immobiliers à Oran et quatre autres à Nâama, outre huit véhicules de haute gamme (4X4), quatre autres voitures acquises avec des licences de moudjahidine. Cette bande détenait également trois registres de commerce en gros, a indiqué le chef de Sûreté de wilaya.
C’est à partir de l’arrestation, à la fin de l’année écoulée, d’un baron de la drogue, installé à Ain Temouchent sous un faux nom, que cette affaire a éclaté pour dévoiler « des sources d’enrichissement illicites » que la bande inscrivait au nom des deux femmes (la mère et l’épouse) et du jeune frère non poursuivis en justice, a précisé le commissaire divisionnaire Madani Nâar.
Lors de son enquête, la police a découvert de nombreux cas de sous-estimation de biens, lors des déclarations auprès des services et administrations concernées. Ainsi, a-t-on souligné, la station d’essence d’Ain Temouchent, a été déclarée à « 100 millions de dinars, alors que sa valeur réelle est de 350 millions de dinars » et « toutes les transactions se faisaient cash, en argent liquide pour échapper aux contrôles », a ajouté la même source.
L’instruction de ce dossier se poursuit au niveau de la justice, a signalé le responsable de la Sûreté de wilaya. Les délits retenus à l’encontre des mis en cause portent sur « la constitution d’une association de malfaiteurs », « le blanchiment de capitaux », « la détention, le trafic et la commercialisation des stupéfiants », « la complicité », « la fraude fiscale », « les déclarations calomnieuses » et « la dissimulation de la nature véritable de l’origine de la propriété des biens », a-t-on conclu.